On entre dans le Top 100 avec un des beats les plus sales et dangereux de l'histoire.
Un sample de Godzilla qui te piétine le crâne et fait exploser toutes les salles de concert.

En plus d'être un lyriciste d'exception, Pharoahe Monch produit également certains de ses sons dont cet énorme classique du rap.

> Le vinyle d'Internal Affairs est dispo ici.

Il y avait quelque chose d'insouciant et de touchant dans les 1ères instrus de Kanye West, une musique colorée et soulful qui influence encore aujourd'hui les nouvelles générations de Chicago dont un certain Chance The Rapper.

Ce trio issu de l'énorme The Fix de Scarface est construit sur un sample enfantin et ensoleillé boosté par des drums nerveux et une ligne de basse bondissante, la composition prend toute son ampleur quand les violons viennent endiabler les flows de ces 3 rappeurs d'exception.

> Le vinyle de The Fix est dispo ici.

Probablement le mouvement le plus influent du genre, le G-Funk de Dr. Dre a changé la face du Gangsta Rap, le son abrasif de NWA est devenu aussi doux et sucré qu'un "gin & juice" bien dosé et aussi bondissant que les low-riders de Compton, chaque soirée pourrait être la dernière, on danse avec le diable un glock à la ceinture, embrumé par les effluves de Chronic et chauffé par le soleil de Cali.

> Le vinyle de Doggystyle est dispo ici.

Quand tu piques le son de tes ennemis et que t'en fais un classique !
L'insolence du Big Poppa n'avait d'égal que son talent et il n'a pas eu besoin de Dr. Dre pour lâcher une bombe G-Funk à la sauce Biggie.

> Le vinyle de Ready To Die est dispo ici.

La quintessence du rap New-Yorkais : du boom bap brut, agressif et dépouillé.

À l'époque où la plupart des beatmakers de la grosse pomme s'inspiraient du jazz pour construire leur beats, Buckwild a pris tout le monde à contre-pied avec un ovni ultra minimaliste qui monte en puissance au fil des secondes.
Un précurseur au son plus hardcore qui sera ensuite popularisé par des groupes comme le Wu-Tang Clan, Mobb Deep ou encore CNN.

Repris dans de nombreuses battles, ce beat est aussi devenu mythique car il est dans la scène d'ouverture d'8 Mile.

> Le vinyle de Word...Life est dispo ici.

Un classique avec deux notes ? Appelle ça le hip-hop.

Le meilleur posse cut de l'histoire ? Perso j'arrête après Biggie :


"You're mad 'cause my style you're admiring
Don't be mad, UPS is hiring"

> Ready To Die et Life After Death sont dispo en vinyle ici.

Bien avant que Metro Boomin' ne tombe le masque et que Murda Beatz ne fasse un tour à Portland avec sa flûte à bec, Dr. Dre a eu l'audace de populariser cet instrument dans le vicieux Tha Shiznit.

Pas évident quand on se rappelle ce qu'on faisait pendant les cours de musique de Mme Joly, il n'empêche que la flûte fait maintenant partie à part entière de la culture hip-hop et qu'elle fait son petit effet à chaque fois, demande à Timbo !

P.S. : pour info Snoop a freestylé tout le morceau.

> Le vinyle de Doggystyle est dispo ici.

Fais gaffe à pas te casser la nuque, si tu ne bouges pas la tête c'est que t'es tétraplégique !
Les beats d'Erick Sermon rebondissent comme le ballon de Lebron et le duo nous offre un come back digne de Michael Jordan !

> Le vinyle de Back In Business est dispo ici.

On a souvent taxé Nas de ne pas savoir choisir ses beats après Illmatic, évidemment un producteur en particulier s'est senti visé, Salaam Remi, et comme Esco après Renegade, c'est piqué dans sa fierté qu'on est le plus dangereux.

Un seul son suffira à fermer toutes les bouches : Made You Look.

> Les classiques de Nas sont dispo en vinyle ici.

1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9... 10 !
Le professeur Biggie Smalls apprend à sa classe de dealers à compter avec une équation faussement simpliste et enfantine de Primo, n'essaie pas de la résoudre tu risques de te briser la nuque.

> Le vinyle de Life After Death est dispo ici.

L'avènement de Jay-Z et sa dynastie Roc-A-Fella, le label le plus puissant des années 2000 avec Aftermath.

Toujours pas d'héritier sur le trône de NY, le roi est éternel comme cette introduction immaculée signée Just Blaze.
Pourquoi ce gars ne produit pas plus ? Il brûle un studio à chaque nouveau son.

> Le vinyle de The Dynasty: Roc La Familia est dispo ici.

Plus qu'un bon beat, une bonne production ne doit pas prendre la lumière au MC, elle doit au contraire le galvaniser et mettre en valeur ses qualités, c'est pour ça que certains duos fonctionnent beaucoup mieux que d'autres : le style très new-yorkais de Primo est l'encre pour la plume de Nas, le G-Funk de Dre est la Chronic pour le joint de Snoop...

Après l'époque Death Row, Dre est tombé sur un extra-terrestre blondinet et a dû complètement se réinventer, rarement un producteur de ce calibre n'aura autant changé son style pour un rappeur.
Eminem était tellement fort à l'époque qu'il a obligé Dr. Dre à s'adapter à lui.

Il a retiré tout ce qui était superflu, a simplifié les rythmiques, laissé respirer la musique et a dû faire de la place pour la folie lyricale de ce monstre.
Le résultat est une leçon de minimalisme, une production faussement simpliste d'une précision et d'une justesse implacable qui se met subtilement en retrait pour nous laisser apprécier ce spectacle macabre.

> Le vinyle de The Marshall Mathers LP est dispo ici.

Le beat le plus smooth de tous les temps, un massage oculaire aussi relaxant que les flows de Q-Tip et Phife Dawg.

The Abstract réussit un des meilleurs mariages entre jazz et rap, deux genres qui se sont longtemps tournés autour dans les années 90 avant que le sampling ne devienne trop cher et que les hi-hats ne s'affolent.

Il y avait une vraie science du sample et des lignes de basse, les productions étaient organiques et complexes, une richesse musicale qu'on a perdue au profit du buzz, de l'argent et d'un certain amateurisme.

> Le vinyle de Midnight Marauders est dispo ici.

L'art de la transition... on baisse d'abord notre garde avec un low-tempo assez typique de Drake, puis il y a cet uppercut qui change le rapport de force, ce retournement de situation, cet éclair de génie, ces quelques notes aussi froides qu'un hiver à Toronto, cette mélodie d'une tristesse infinie qui fait monter la rage dans la voix de Drake :

"I WAS RUNNING THROUGH THE 6 WITH MY WOES"

Une transition juste TRAUMATISANTE.

> Le vinyle d'If You're Reading This It's Too Late est dispo ici.

Where is my snare ? Au centre du morceau.
Là où Eminem le rappeur a parfois eu des écarts pop de mauvais goût, Eminem le producteur a lui toujours été intrinsèquement Hip-Hop.

Il suffit d'écouter la rythmique de Cleanin' Out My Closet, résolument urbaine, ce snare insaisissable danse une valse avec la ligne de basse, un oxymore se crée entre la mélodie candide qui nous rappelle les boîtes à musique de notre enfance et le cauchemar que décrit Eminem dans ses lyrics.
Aveuglé par sa rage, le rappeur évacue toute sa rancœur passée envers sa mère, Kim et son beau-père, galvanisé par la guitare électrisante de Jess Bass, bienvenue au Eminem Show :

"Remember when Ronnie died and you said you wished it was me?
Well, guess what?
I am dead, dead to you as can be!"

Une chose est sûre, on est tous fan de Dr. Dre et Slim Shady mais quand Eminem produit, c'est Marshall qui prend le micro.
Il n'avait ni besoin de rapper vite, ni de clasher la Terre entière, sa sincérité désarmante et sa rage incontrôlable en faisait simplement le meilleur rappeur sur cette Terre.

> Le vinyle de The Eminem Show est dispo ici.

Still Dre ? The Next Episode ? What's The Difference ? Xxplosive ?
Non, mon son préféré de 2001 a toujours été The Watcher et c'est pour moi le meilleur morceau de Dr. Dre.

La production est d'une subtilité et d'une richesse incroyable, chaque petit son vient discrètement s'ajouter et créer une atmosphère oppressante qui évolue furtivement tel un serpent à l'approche de sa proie.

Dès les premières lignes et cette basse inoubliable :
"Things just ain't the same for gangstas"
tu entres dans un film, une virée de nuit dans les ruelles mortelles de Compton, des années ont passé, la ville a changé, tes amis sont devenus des ennemis, les gangsters ont perdu tout code d'honneur, tu es pris de paranoïa et chaque mouvement est une menace, le temps où tu étais le roi est révolu, c'est ton grand retour et tu dois reprendre le trône par le sang.

P.S. : La seule prod de Dre avec des scratches ?

> Le vinyle de 2001 est dispo ici.

Je n'ai jamais été un grand fan des samples orientaux et Timbo est un de ceux qui les a popularisés comme dans le tube Big Pimpin'.

Put You On The Game est l'exception qui confirme la règle et la preuve que The Game a vraiment une oreille en or pour choisir ses beats.

Timbo a chopé un sample d'un obscure Bollywood, il l'a retourné, l'a violé et l'a laissé pour mort, fin du game.

> Le vinyle de The Documentary est dispo ici.

Un sample de Kung-fu, des drums crades, une boucle bien glauque, ça pue le vintage Wu et j'ai longtemps cru que RZA était derrière ce beat glacial mais c'est Mathematics qui a aspiré son âme pour sortir le plus gros classique de Ghostface Killah.

> Les albums de Ghostface Killah sont dispo en vinyle ici.