LE YEEZUS TOUR PASSE PAR MONTPELLIER

LE NEW-YORK TIMES INTERVIEW KANYE WEST

5 jours avant la sortie du très attendu « Yeezus », très peu d’infos ont filtré sur l’album.
Au top de sa popularité, Kanye a décidé de prendre tout le monde à contre-pieds en court-circuitant les médias avec aucune promo, aucun single, aucun clip et pas même de pochette.

Si l’on a pu se rendre compte de la teneur dark, synthétique, électro et engagée de l’album grâce aux nombreuses vidéos live, on se demande ce que nous prépare Yeezy pour ce qui s’annonce comme un évènement dans le monde du rap.

Le New York Times a réussi à interviewer Mr. West et voici la traduction des meilleurs passages (traduit par Neo Boto) :

(Jon Caramanica) Lorsque votre premier album The College Dropout est sorti, les gens ont commencé à vous appréhender au-delà de la musique. Ils se mirent à se dire : « Voilà quelqu’un qui va se battre pour sa place au sein de l’Histoire »

(Kanye West) Je pense qu’il faut prouver sa légitimité. Au collège, je voulais être dans l’équipe de basket. Je n’ai pas été sélectionné, donc je me suis entraîné. Une fois dans la Summer League, mon équipe a gagné le championnat; j’étais meneur. L’année d’après, je me suis entraîné et je rentrais tous les lancer-francs, tous les layups. Mais le jour où j’ai regardé le tableau, je n’étais toujours pas sélectionné. Lorsque je lui ai demandé des explications, le coach m’a répondu « Tu n’y es pas, c’est tout ». L’année suivante, j’étais dans la junior team tout en étant parmi les Freshmen, j’étais plutôt bon. Mais je n’étais toujours pas dans l’équipe de basket, à cause d’un coach, d’un Grammy, d’un critique musical, d’une personne de l’industrie de la mode ou qui que ce soit. Ce sont les mêmes que ce coach. À cette époque, je ne me sentais pas en mesure de crier que je méritais d’être dans l’équipe parce que j’avais rentré tous mes paniers. Désormais je me défoule sur tout ceux qui ne veulent pas me donner ce que je mérite.

Maintenant que j’ai ma propre plate-forme, je peux dire aux gens qu’ils ne sont pas justes. À chaque fois que j’ai eu des histoires sur Internet, c’était un combat pour la justice. La justice. Et quand je parle de justice, ce n’est pas forcément faire la guerre. La justice peut aussi être le fait de déblayer le chemin pour que les gens puissent rêver de la bonne façon. Si Michael Jordan peut hurler sur les arbitres, moi en tant que Michael Jordan de la musique je peux aller dire « ce n’est pas juste. »

[…] Je me fous des Grammys. J’apprécie l’instant lorsque je gagne le titre d’album rap de l’année, mais quand j’y repense je me dis que ce n’est pas juste, que c’est un coup-monté. Je me souviens lorsque Gnarls Barkley et Justin Timberlake ont perdu pour le titre d’album de l’année. J’ai regardé Justin et je lui ai demandé s’il voulait que je monte sur scène pour lui et que je le défende.

Est-ce que cette mentalité vous a détourné du droit chemin ? Comme par exemple lors de l’interruption de Taylor Swift aux MTV Video Music Awards.

Cela m’a simplement guidé vers la grandeur, à chaque fois. Vers l’effroyable vérité et la grandeur. La beauté, la vérité et la grandeur. C’est tout. Je n’ai aucun regrets. Si quelqu’un lit cet entretien et s’attend à ce que je fasse des plates excuses, il peut d’ores et déjà arrêter la lecture. […] En succombant à la pression sociale, j’ai fini par faire mes excuses. L’album My Beautiful Dark Twisted Fantasy représente en quelques sortes mes excuses de mauvaise foi. Vous voyez lorsque les gens font des compliments de mauvaise foi ? C’étaient des excuses de mauvaise foi. J’étais là « S’il vous plaît, regardez ce que je sais faire et reprenez-moi parmi vous. »


Lorsque
l’on regarde Jay-Z ou Diddy, dans 90 pour cent des cas, on a l’impression qu’ils passent du bon temps. Avec vous on dirait que c’est 50-50, ou peut-être 30-70 ?

Dans à peu près 90 pour cent des cas on dirait que je ne passe pas un bon moment.

Avec ce que l’on a entendu de Yeezus, on a l’impression que c’est en quelques sortes l’anti-College Dropout. On dirait que vous êtes en pleine mutation. Autrefois vous disiez « Je veux plus de sonorités. Plus de raps compliqués. Je veux tout. » Dans quelle mesure est-ce que cela a changé ?

L’architecture a été ma plus grande inspiration. J’ai vécu à Paris dans un loft et j’ai enregistré dans mon salon, et il y avait la pire acoustique possible. Les sons devaient être simples parce que si vous insériez des sonorités compliquées avec trop de basses, ça ne marchait juste pas dans cet espace. Un peu plus tôt dans l’année, j’allais dans les musées. Le Louvre avait une exposition autour du mobilier, et j’y suis allé peut-être cinq fois, même en privé. J’allais même visiter les véritables résidences de Corbusier en me demandant, « Pourquoi ils ont conçu ça ? » Ils ont fait les plus grandes vitres jamais construites. Comme je dis, je suis un minimaliste dans le corps d’un rappeur.


Vous faîtes des vêtements mais certaines personnes pensent que c’est un projet vaniteux, que vous ne prenez pas ça au sérieux.

Mais ma passion est dans l’humanité. Ma passion est pour les gens. Ma passion est pour les jeunes à mes concerts, pour ceux qui ont 18 ans et qui me ressemblent. Je dois faire plus. Je dois être en mesure de donner plus aux gens. Pour l’instant, ce qu’ils veulent est inaccessible, derrière une glace.

J’ai eu l’occasion de discuter avec un couturier que je ne mentionnerai pas, mais j’espère qu’il se reconnaîtra s’il lit ça. Avant que je quitte son bureau il m’a demandé, « Si tu as fait ça, ça et ça, pourquoi n’es-tu pas allé plus loin dans la mode ? » Je lui ai répondu que j’étais un apprenti. Au final, cet homme qui me parlait n’offre pas de cadeaux pour Noël. Cela sous-entend que personne n’a envie de recevoir un de ses cadeaux pour Noël. Si vous ne faîtes pas de cadeaux de Noël, autrement dit quelque chose qui est émotionnellement connecté aux gens, ne me parlez pas.

Je suis un musicien professionnel parce que j’ai la structure d’Universal Records. Je suis un créatif professionnel. Depuis que j’ai fait la sneaker Louis Vuitton, on ne m’a jamais autorisé à être dans une organisation continuellement créative proposant des produits. Lors de rendez-vous, on m’a déjà dit « Ce qu’on essaye de comprendre est comment vous contrôler. » En pleine réunion, à moi ! Pourquoi voudriez-vous me contrôler ? Je veux faire de ce monde quelque chose de meilleur ! Tout ce que je veux est positif ! Pourquoi voudriez-vous contrôler ça ? Je veux dire aux gens que je peux créer plus pour ce monde, que j’ai cette glace à portée de main. Si je ne crie pas, si je ne dis rien, alors personne ne dira rien.

Respectez mon influence. Si cela arrive, alors tout le monde sera gagnant. J’ai le sentiment que Kanye West aura un peu la même signification que Steve Jobs. Honnêtement je ressens cela comme lorsque Biggie est mort et que Jay-Z a pu devenir Jay-Z. Culturellement parlant, j’ai travaillé sur les albums les plus importants de ces quatre dernières années, et j’ai été connecté avec les artistes les plus influents de ces dix dernières années. Steve Jobs, Walt Disney, Henry Ford, Howard Hughes, Nicolas Ghesquière, Anna Wintour, David Stern. J’ai le sentiment de devoir dépasser les possibilités pour montrer aux gens que les choses pourraient être à un niveau différent. Lorsque mon nom est rattaché à quelque chose, cela veut dire que les possibilités sont exploitées au maximum. Je finirai dirigeant d’une organisation qui vaudra des milliards de dollars parce que j’ai les réponses. Je comprends la culture. Je suis le noyau.

KANYE WEST - NEW SLAVES PROJETÉ DANS PARIS

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One Comment

  1. Vince says:

    Quand j’ai lu la premiere phrase de rep de kanye ds la derniere question « Mais ma passion est dans l’humanité » en lisant trop vite j’ai cru lire « l’humilité » j’ai eu très peur Ahah….

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