LES 10 MEILLEURS ALBUMS RAP & RNB DE 2019

LES 10 MEILLEURS ALBUMS RAP & RNB DE 2019

Une année 2019 en demi-teinte, clairement pas la meilleure pour finir cette décennie, peu de sorties « majeures » et celles qu’on attendait le plus ont déçu (Jesus Is King, The Big Day, Ventura…), d’autres outsiders n’ont pas sorti leur meilleur album (CrasH Talk, WWCD, K.R.I.T. IZ HERE), et même côté UK, où la qualité est quasiment tout le temps au rendez-vous, les deux poids lourds Skepta et Stormzy n’ont pas atteint les sommets de leur précédents albums, voilà pourquoi on retrouve finalement pas mal de rookies relativement peu connus du grand public dans ce Top 10.
Certaines têtes d’affiche n’ont cependant pas déçu, on pense notamment à Tyler, The Creator, Freddie Gibbs & Madlib ou encore à ce tour de force du label Dreamville qui a braqué le rapgame.

Une année 2019 assez ouverte donc, pas inintéressante non plus puisqu’elle nous a permis de découvrir pas mal de nouveaux artistes qui nous surprennent avec des premiers projets aboutis et de plus en plus matures, un souffle d’air frais nécessaire à un moment où le Rap commençait à sérieusement tourner en rond dans une Trap sans issue.

 


10. DIASPORA – GOLDLINK

Après le bijou At What Cost et le succès fulgurant de Crew, Goldlink a changé de statut pour devenir ce rappeur alternatif cool, sorte de puissance créative de l’underground, ancré dans son époque et leader de la « Soundcloud » génération.

Avec ce Diaspora coloré et métissé, Goldlink évite le piège du copier-coller en s’éloignant de D.C. et du son electro expérimental de son 1er opus et en se rapprochant de ses racines africaines.

Les fans ne seront pas pour autant perdus puisque si le rappeur prend certes un virage assez net, il aime toujours nous faire danser et affectionne toujours autant les up-tempos estivaux comme l’entêtant U Say avec l’inévitable Tyler, The Creator.

Si on salue l’authenticité et la prise de risque, Diaspora n’atteint pas les sommets d’At What Cost, pas de Crew ici et probablement un album qui aura moins d’impact sur son époque.

 

9. REVENGE OF THE DREAMERS III – DREAMVILLE

Depuis quelques années, les compilations rap font leur grand retour, portées par le succès de la BO de Black Panther, l’album non officiel de Black Hippy qui a réussi l’exploit de réunir un paquet d’artistes aux sensibilités différentes pour un des meilleurs projets de l’année passée.

Après TDE c’est donc à Dreamville de s’essayer à ce format et c’est plus que réussi. Le label de J. Cole a créé un phénomène culturel avec ses fameux « gold tickets » inspirés de Charlie et la Chocolaterie. Le temps s’est arrêté et le studio d’enregistrement des sessions Revenge Of The Dreamers III est devenu le centre de gravité du rapgame.

35 artistes, 27 producteurs et 142 chansons enregistrées en 10 jours, le résultat ? Un projet fun, éclectique et rempli de bangers qui, malgré la diversité des producteurs, possède l’ADN musical de Dreamville. Un exploit rendu notamment possible par 4 artistes qui sortent du lot : J. Cole, Buddy, J.I.D. et Bas.

P.S. : intro de l’année ?

 

8. IS HE REAL? – IDK

C’est une des belles surprises de l’année, IDK nous balance un premier album dense, équilibré et auto-produit, ce qui est encore plus remarquable.

Très actuel dans la forme avec un paquet de bangers qui vont faire sauter tes basses mais, à la différence du « turn up » rap classique, il ne se limite pas à de l’egotrip, du mumble rap ou du freestyle en abordant des sujets profonds comme l’existence de Dieu, questionnée dans le titre.

Bien aidé par quelques invités surprise de standing (Tyler, The Creator, DMX, Pusha T, J.I.D) qui donnent un vrai cachet à l’album, IDK s’inscrit clairement dans la lignée d’une autre étoile montante du Maryland, YBN Cordae, à suivre de près.

 

7. ZUU – DENZEL CURRY

L’impact qu’a eu ZUU est incontestable, tout le monde a parlé de Denzel Curry en 2019, les meilleurs morceaux de l’album (RICKY, BIRDZ, SPEEDBOAT…) font juste partie des plus gros bangers rap de l’année et, chose assez rare pour être soulignée, ce n’est pas de la Trap !

J’ai aussi la sensation qu’il s’agit d’un vrai pallier franchi dans la carrière du rappeur de Miami, il a, en quelque sorte, trouvé le son de Carol City grâce aux productions bouillantes des australiens de FnZ.

ZUU est un album étouffant, urbain, métallique et violent à base de bangers ultra efficaces et pour la plupart freestylés portés par le flow de mort de faim de Denzel Curry.

 

6. CHASING SUMMER – SIR

J’avais trouvé le 1er album de SiR excellent mais sans trop savoir pourquoi je l’avais assez vite oublié. Ce n’est pas le cas de Chasing Summer, plus chaleureux – comme son titre l’indique – et peut-être un peu moins monotone que November, il se bonifie au fil des écoutes et c’est pour moi l’album R&B de l’année. 

Moins impressionnant vocalement que les The Weeknd, Galant, Ari Lennox, Snoh Aalegra ou encore Solange, SiR n’est pas le plus grand des chanteurs mais avec ce deuxième album il tape juste à chaque titre, créant une ambiance tamisée et nostalgique traversée par quelques bangers plus rythmés pour garder notre attention durant ce ride estival à Inglewood.

 

5. EVERYTHING’S FOR SALE – BOOGIE

Dès que j’ai vu « signé sur Shady Records » je me suis dit c’est mort. Le gars n’est pas très charismatique, a une voix nasillarde pas très agréable et Eminem n’est clairement pas une bonne influence musicale aujourd’hui, franchement je n’y croyais pas beaucoup et j’avais tort !

C’est l’autre grosse révélation de l’année avec YBN Cordae, ce premier album de Boogie est d’une maturité désarmante et nous rappelle par moments un certain good kid, mAAd City, pas si étonnant que ça le gars vient aussi de Compton – un de plus – !

Entre storytellings, sons chantés, ballades, bangers et morceaux plus personnels, Everything’s For Sale est un voyage sinueux dans la psyché dérangée de son auteur, le tout illustré par un sublime mini-film qui prouve que Boogie est un artiste avant d’être un rappeur.

P.S. : on efface vite ce couplet d’Eminem et on relance l’écoute !

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4. THE LOST BOY – YBN CORDAE

C’est clairement la révélation de l’année, on m’en avait déjà parlé et j’avais écouté son précédent projet sans avoir été particulièrement impressionné. Entretemps Dr. Dre l’a pris sous son aile, forcément ça interpelle, mais je crois que personne n’était prêt pour cette claque.

Le game tourne un peu en rond, Drake, Kendrick, Kendrick, Drake… J. Cole en outsider mais derrière niveau mainstream pas grand chose de consistant excepté les éternels Kanye West et Jay-Z.
YBN Cordae semble avoir toutes les cordes (sorry) à son arc pour bousculer l’ordre établi et le prouve dès son premier album qui ressemble un peu à ce qu’on espérait des débuts tant attendus – et si décevants – de Chance The Rapper. C’est simple il a tout : la voix, la prononciation, le flow, les lyrics, les bangers, le charisme, la confiance au mic, un style décalé, une bonne oreille, de la profondeur lyricale, de l’humour, il sait chanter, écrire des bonnes chansons et manifestement de très bons projets.

Je n’ai pas le souvenir de beaucoup de premiers albums récents aussi aboutis, Kendrick ? J.I.D. ? Pas grand chose d’autre me vient en tête.
The Lost Boy va marquer son époque et les années à venir, les premiers pas d’un futur grand.

Pourquoi pas sur le podium ? Franchement j’ai eu beaucoup de mal à départager les trois premiers qui, je pense, vont devenir des classiques avec le temps, si je l’ai mis en dessous, c’est probablement pour un léger manque d’originalité sur la forme comparé aux autres, on n’est pas bousculé, c’est assez classique musicalement bien qu’excellent du début à la fin, The Lost Boy n’a pas une identité artistique aussi forte que les albums sur le podium et n’apporte rien de très nouveau à part son rappeur.

 

3. PSYCHODRAMA – DAVE

Dave n’en a que faire du buzz et des tendances, il nous invite dans sa tête et nous présente sa musique, un art brut, personnel et sans concession, une thérapie anxiogène hantée par des productions sombres et mélancoliques.
Ne cherche pas de son pour t’ambiancer, on est plus proche de la corde que de la piste de danse.

Alors certes c’est parfois lourd à digérer, notamment sur tout un album, mais si comme moi tu aimes aussi être bousculé et ne pas seulement consommer la musique comme un Big Mac, Psychodrama est à l’image de sa cover, un album puissant et spectaculaire d’un artiste à vif.
Une œuvre extrémiste dont on ne parle malheureusement pas assez parce qu’on préfère ce qui est tiède.

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2. IGOR – TYLER, THE CREATOR

J’apprécie beaucoup Tyler mais je l’ai toujours un peu vu comme une blague. Certes une très bonne blague, avec des éclairs de génie, mais je n’ai jamais vraiment accroché sur un album entier, il me lasse généralement assez vite et j’ai toujours trouvé que sa musique manquait de consistance et sonnait un peu amateur, une version en construction d’un artiste éternellement en recherche de son identité.
Comme Freezer sur Namek, il aura fallu attendre son 5ème album pour enfin voir la forme ultime de Tyler, The Creator, et elle porte le nom d’IGOR.

J’ai clairement ressenti la même grandeur que quand j’écoute un album de Kanye West, l’influence de Yeezy est palpable, comme celle des Neptunes, mais ça reste au statut d’influence et ça ne tourne jamais au plagiat comme pouvait l’être à certains moments Cherry Bomb qui ressemblait à un album déguisé de N.E.R.D.
Ici, à l’image justement de l’intervention très discrète de Kanye sur Puppet, Tyler a digéré toutes ces influences pour enfin sortir SON chef d’œuvre, la maturation et l’aboutissement de ces années d’expérimentation.

Pas de happy end, tu connais l’humour noir du personnage, IGOR est un album résolument triste et personnel qui, malgré l’apparat rose, met en musique le cœur brisé de son auteur. 

Tyler prouve qu’il est définitivement un créateur, il est à l’écriture, au rap, au chant, à la production et à l’arrangement de chaque morceau, une explosion sensorielle à des années lumières des standards du rapgame, un monde beaucoup trop exiguë et prévisible pour Tyler, The Creator qui porte enfin bien son nom.

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1. BANDANA – FREDDIE GIBBS & MADLIB

Rares sont les artistes qui progressent avec le temps, dans la plupart des cas ils sortent leur meilleur projet en début de carrière, quand ils ont tout à créer, tout à raconter et surtout tout à prouver, ce n’est pas le cas de Freddie Gibbs et Madlib.
Ces deux artistes sont comme du bon vin et c’est encore plus exceptionnel pour le beatmaker qui est dans le game depuis plus de vingt ans et qui vient juste de produire deux des albums les plus aboutis de sa discographie. Je ne dis pas les deux meilleurs simplement car le mythique Madvillainy est juste intouchable mais soyons clairs, Piñata et Bandana sont des leçons de production.

Si certaines alchimies basées sur des sensibilités musicales communes semblent évidentes (Guru / Primo, Snoop / Dre), d’autres, beaucoup plus inattendues, brillent par contraste comme un oxymore.
Freddie Gibbs est clairement un des meilleurs rappeurs de sa génération mais aucun de ses albums solo ne restera dans les annales. Le rappeur de l’Indiana ne s’est jamais vraiment trouvé musicalement avant de rencontrer Madlib.
Très loin de la pseudo trap sur laquelle il rap habituellement, les productions du Beat Konducta ont sorti le gangsta rapper de sa zone de confort et ont poussé son flow tout-terrain dans ses retranchements, la conclusion est sans appel : Freddie peut rapper sur absolument tout.

5 ans après le classique Piñata, le duo le plus iconique de ces dernières années a réussi l’exploit de faire aussi bien tout en faisant différent, un album une nouvelle fois remarquablement produit avec plus de complexité et de changements de beats, Freddie Gibbs n’a pas d’autre choix que d’être au sommet de son art, il ne semble jamais à court de flows ni de punchlines, son Gangsta Rap violent devient élégant au contact des platines de Madlib, un équilibre fragile entre deux planètes qui n’étaient pas censées se télescoper.

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Et toi quel est ton Top ??

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