BAS ET LA VISION DREAMVILLE [INTERVIEW]

J’ai quitté la France à 8 ans, j’étais en France jusqu’à 2 ans puis on est allé au Qatar pendant 3 ans et je suis revenu en France de 5 à 8 ans, ce sont évidemment les années dont je me souviens le plus.
Je me souviens de l’école, de la boulangerie, qu’est-ce que c’était délicieux ! Je me souviens des bonbons, du chocolat, je me souviens de plein de trucs mec… Je me souviens des parties de basket à Beaugrenelle avec mes potes, on habitait juste à côté. Je me souviens des balades avec mon père. Il y a beaucoup de choses qui me reviennent, évidemment les Champs Elysées et tous les endroits à visiter. Je ne parle pas bien français mais je le comprends plutôt bien.
Je me souviens de l’école, les repas à l’école étaient vraiment bons, bien meilleurs qu’aux Etats-Unis !
En rentrant aux Etats-Unis je me suis dit : «  c’est ça qu’ils nous donnent à manger ? C’est horrible ! »

Est-ce qu’un souvenir en particulier t’a marqué ?

Oui, c’est une des choses que j’ai réalisées très tôt, que l’éducation ici était bien meilleure parce que les notions de Maths que je voyais en CE2, je n’ai commencé à les voir qu’en CM2 à New York, même à cet âge je m’en rendais compte : « attendez, vous n’avez toujours pas vu ça ?!! »
Même en ce qui concerne l’écriture, j’ai appris à écrire ici en CP, c’est très tôt. Aux Etats-Unis, nous n’avons pas commencé à écrire avant le CM2. Quand j’ai bougé à New York, j’étais jeune, maintenant je comprends combien l’éducation était mieux en France et comment le système éducatif fonctionne mais déjà à cet âge je me souviens que j’avais l’impression d’être en avance sur les autres.

Même si tu étais jeune, cette expérience a-t-elle eu une influence sur ta musique ?

Oui à 100%, par exemple certains des producteurs avec qui je travaille sont français.
J’ai 4 grands frères et sœurs donc ils m’ont fait écouter pas mal de musique mais je me souviens aussi que je regardais souvent Interstella 5555 sur Cartoon Network et je suis tombé amoureux de la chanson du dessin animé, c’est ça qui m’a fait écouter de la French house et des sons de ce style.
Donc ouai bien sûr, je pense que ça a eu un vrai effet sur mes goûts musicaux aujourd’hui et mes choix de beats sont différents de chez la plupart des autres rappeurs, c’est plus large et ça emprunte des influences à la musique européenne, je travaille aussi avec des personnes de tous horizons… C’est une question d’équilibre, ça peut être inspiré de la French house puis on y ajoute des drums et des hi-hats trap et toutes ces choses qui rendent la musique plus accessible pour ceux qui n’écoutent pas ce style musical.

Tu es fan du PSG, n’est-ce pas ?

Ouai, ouai, c’est ma team !

Tu penses qu’ils ont une chance de gagner la Ligue des Champions cette année ?

Mec, hum… est-ce que Cavani est chaud ? Je n’ai pas trop suivi ces derniers temps, j’étais un peu inquiet…

Cavani est bon en ce moment !
Il est bon ? Ok, parce que tu sais quand Ibra est parti, je me suis demandé qui allait le remplacer ? Je n’ai pas pu trop suivre cette année mais… évidemment avec Barcelone en Ligue des Champions, c’est difficile d’imaginer qu’on peut les battre… PSG est mon équipe préférée, Man City a l’air bien en ce moment aussi, tout comme Guardiola, je crois qu’ils ont battu Barcelone il y a quelques semaines, n’est-ce pas ?
Donc ça va être chaud, mais je supporterai toujours le PSG, je les supporterai toujours mais ils se sont fait fumer l’année dernière ! Je m’en souviens comme si c’était hier… c’était David Luis quand Suarez leur a mis la misère ? Oh mon dieu, c’était si douloureux à regarder ! Il n’avait pas besoin de nous la mettre comme ça mec !! Pas de cette façon ! Malgré tout je continuerai à les supporter.

Tu as passé les deux dernières années en tournée, tu as connu une certaine célébrité mais aussi des problèmes personnels, comment ton état d’esprit a évolué depuis ton dernier album Last Winter ?

Je pense que je suis plus dans l’introspection dans mon dernier album, Last Winter était le début, je commençais à vivre du rap et à bénéficier des avantages de cette vie et du luxe que tu peux t’offrir, c’est un peu comme un plongeon la tête la première dans une nouvelle vie, c’est fun, excitant et tout est nouveau.
Too High To Riot représente l’esprit de révolte… Tout ce qui était nouveau ne l’est plus et tu réalises que le temps continue de s’écouler et que tout le reste, tout ce qui va mal, que tu oublies ou que tu négliges, est toujours bien là. Dans Too High To Riot j’essaie de prendre conscience de toutes ces choses et de sortir de cette bulle, ce conte de fée, pour donner plus d’importance et d’attention aux vrais problèmes dans ma vie et même dans la société en général.

Et ça permet aux gens de s’identifier à ta musique, ils vivent les même choses.

Oui, exactement, plus tu es vulnérable plus tu t’ouvres aux gens… c’est quelque chose que je n’étais pas capable de faire aussi bien sur Last Winter, principalement parce que je n’avais pas assez confiance en moi, je pensais trop : ok, mes fans veulent ça, je vais leur donner ça…
Avant Too High To Riot, j’ai été en tournée, j’ai fait le plein de confiance, j’ai vu des gens chanter mes chansons par cœur et là tu te dis : ok, j’ai une connexion particulière avec eux, je peux m’ouvrir, être plus honnête et plus vulnérable. C’est ce que j’ai réussi à faire avec Too High To Riot, l’effet sur ma carrière est incroyable, sur mes fans et via le respect que je reçois des autres artistes. C’est d’une certaine manière une leçon, j’avais le sentiment que c’était un pari au début mais au final ça a payé au-delà de mes espérances, c’était vraiment nécessaire.

Tu évoquais plus tôt ton départ de Paris pour le Queens, quartier connu pour être un bastion du rap et des lyrics, quel rappeur de NY t’a le plus influencé ?

Je dirais Nas, Jay-Z et Fifty… et BIG ! Je ne peux pas oublier Biggie et Big Pun. Ce serait mon top 5 de New-York. Je pense qu’ils ont tous apporté quelque chose de différent, Nas donne vie aux mots et te fait vivre ses histoires comme si tu venais de Queensbridge ! Hov est le champion du rap, il est forcément inspirant. Biggie est juste le mec le plus charismatique avec un mic, c’est quelque chose que j’adore chez lui, j’essaie et j’aimerai pouvoir, comme quand Biggie rap, te donner l’impression que je suis en train de te parler, c’est comme si tu avais une conversation avec lui mais que tu savais aussi que c’était le nigga le plus cool de la pièce, tu vois ?  Ils ont tous quelque chose que j’admire.

Ce qui est étonnant c’est que tu représentes vraiment New-York mais en même temps ta musique ne sonne pas typiquement New York, comment expliques-tu ce paradoxe ?

Je me vois comme un mélange d’influences de différents pays parce que bien que j’ai été élevé à New York, une partie de mon histoire s’est passée à Paris, au Soudan… J’ai voyagé toute ma vie et j’ai aussi été influencé par mes frères et sœurs. Mais je pense que le problème du rap new-yorkais c’est qu’il est censé sonner new-yorkais. Comme si tu n’avais pas le droit d’expérimenter, tu vois ce que je veux dire ? Peu importe le type de son, je parle de New York, je viens de New York, donc peu importe ce que je fais, c’est du rap de New York ! Et en fait c’est ce dont New York a le plus besoin, un son frais qui va inspirer et influencer le reste du game au lieu du son que tout le monde aime mais connait déjà, tu vois ? Je ne veux pas trop critiquer parce que je suis toujours un fan de ce son comme nous tous mais je ne ressens pas beaucoup d’évolution, de nouveauté, la musique doit constamment évoluer. Vas à Atlanta ou même Toronto, la plupart des artistes proposent un son nouveau et innovant, c’est comme ça qu’ils sont devenus la référence du game donc je pense que c’est probablement ce qu’il manque à New York, tu ne peux pas te contenter d’essayer de faire du New York rap, tu dois créer quelque chose de nouveau.

Tu as l’impression que ça revient ?

Oui, je pense qu’il y a beaucoup de bons artistes venant de NY, je soutiendrai n’importe quel artiste venant de NY.

Quel est ton morceau préféré de New-York en ce moment ?

J’aime le morceau de Young M.A., je la kiffe vraiment, on ne la crédite pas assez pour ses qualités de rappeuse, comme tout le monde je l’ai découverte avec le son « Ooouu » mais j’ai aussi vu certains de ses freestyles à la radio…

Le freestyle sur Quite Storm ?

Yo, woouuh ! Elle a tout pété ! Du lourd, mec ! C’est bien de voir New York trouver cet équilibre entre rester des lyricistes mais aussi faire ce genre de chansons.

En parlant de tes influences musicales, comment choisis-tu tes beats ?

Je dirais… J’aime la vibe, l’émotion, tu vois ? J’aime que le beat oriente le texte. J’ai une chanson qui s’appelle “Live For” produite par Ogee Handz, un producteur parisien, j’y parle de mon oncle décédé, j’ai décidé d’écrire ce texte sur ce beat en particulier. Il a créé le beat chez moi à L.A. et je me suis posé et j’ai décidé d’écrire cette chanson parce que l’émotion était dans la musique, tu comprends ? Tu n’as pas besoin de chercher un moyen d’adresser ton message quand la musique le fait pour chaque mot, donc ça dépend surtout de l’ambiance. Même « Clouds Never Get Old », une autre chanson produite par Ogee, c’est très bouncy et ça ressemble à un son de dragueur, un son smooth pour draguer donc je vais me mettre à parler des filles que j’ai rencontrées pendant ma tournée et dans ma vie  ces dernières années. Donc je recherche principalement une émotion, l’émotion doit être dans le beat.

Donc tu échanges avec le producteur pendant le processus créatif, est-ce que tu participes également à la production concrète du morceau ?

Oui bien sûr, il y a par exemple la chanson « Penthouse » sur mon album que Ron [Gilmore] a produite mais c’est moi qui ait trouvé le sample, j’aime souvent me ramener avec des samples, tu vois ? Comme sur « Lit », quand nous avons fait « Lit » moi et Ced’ [Cedric Brown] j’avais le sample, c’était un sample d’un son de Miguel. Et ensuite évidemment, tu veux laisser les producteurs exprimer leur créativité mais je sais que si mon sample y est alors la base du son y est et l’émotion que je recherche est déjà là donc oui, il y a quelques sons pour lesquels je choisis les samples et ensuite bien sûr quand chaque chanson est enregistrée, quand on est en phase de post-production, je dis à Ron de jouer de la basse et par exemple de jouer quelque chose qui groove un peu plus et il jouera quelque chose de plus groovy ou pourquoi pas d’ajouter un peu de rondeur ici ou n’importe quoi d’autre, je suis vraiment impliqué dans le processus de production.

Préfères-tu travailler avec des producteurs de ta team ou de l’extérieur ?

Je pense que je peux collaborer avec n’importe qui, je travaille avec des producteurs de ma team principalement parce que j’ai le sentiment que nous n’avons pas encore atteint notre potentiel maximum. A chaque projet que nous faisons, je vois de l’amélioration et je suis notre évolution en équipe et c’est assez excitant parce que la plupart de mes producteurs préférés… tu vois, c’est du 50/50 entre la production et le song writing, donc tu veux… plus tu travailles avec les gens, plus l’alchimie est forte et moins les choses ont besoin d’être dites.
Prend par exemple The Hics, je les ai rencontrés quand je taffais sur « Too High To Riot » et on a enregistré deux chansons, la première c’était le soir où on s’est rencontré, la deuxième chanson c’était “Matches” et il y avait déjà un monde entre “Ricochet” et “Matches”, donc je sais déjà que la prochaine chanson qu’on va faire ou la prochaine fois qu’on va s’enfermer en studio, ça sera encore meilleur parce que maintenant on est à l’aise ensemble en tant qu’artistes et potes. Je peux leur dire tout ce que je pense, les problèmes que j’ai et ils vont s’en inspirer pour créer à partir de ça.

C’est forcément plus compliqué avec les gens que tu ne connais pas, évidemment c’est encore plus compliqué de leur dire que tu n’aimes pas cette idée, tu vois ce que je veux dire ?
C’est beaucoup plus simple quand tu construis cette alchimie, il n’y a plus d’égo à froisser, tu peux te dire quand tu n’aimes pas quelque chose, c’est le cas quand je travaille avec Cole, avec Cozz ou avec n’importe qui du label, même niveau rap, on se connait assez bien pour se dire : “Yo, tu sais que j’aime ses 1ères 12 bars, les 4 dernières tu peux faire mieux, ouai, réécris-moi ces 4 dernières !” et personne ne le prend mal car tout le monde est sur la même longueur d’onde, tu captes ? L’égo ne rentre pas en compte, nous voulons juste faire la meilleure musique possible.
Dans l’autres sens je t’en voudrais si tu n’es pas honnête avec moi, ne me laisse pas sortir de la merde ! Donc ouai, c’est pour ça que nous restons surtout entre nous, l’alchimie est tellement bonne.

Si des français qui lisent cette interview veulent t’envoyer des beats, à qui peuvent-ils les envoyer ?

Ils peuvent l’envoyer à d@dreamville.com, c’est mon gars sûr, c’est Derek, c’est D, il ne fait pas de musique mais il sait ce que j’aime, il connaît le son que j’aime, je le connais depuis le lycée et on écoute la même musique donc il est comme le premier boss ! Tu dois passer le premier niveau !

Donc tu as rencontré J. Cole à l’université c’est ça ?

Ouai, il allait à l’école avec mon frère, ils allaient à l’université St. John, qui est juste à côté de chez moi donc on avait des potes en commun, on jouait au basket dans le même parc, j’organisais pas mal de soirées à l’époque et on s’y croisait, je ne rappais pas à l’époque, nous étions juste potes.

Donc vous êtes des potes depuis un bail, qu’est-ce que ça fait de taffer avec ses amis ? Parce que parfois ça peut être difficile…

Ouai ! Je ne dirai pas que ça n’a jamais été difficile, je pense qu’au début, nous nous posions tous des questions : “merde, est-ce qu’on aime la musique de Bas parce qu’il est notre pote ou est-il vraiment bon ?”, pour moi c’était : “est-ce que je suis bon ? Ou est-ce qu’il kiffe parce que je suis leur pote ?”.
Mais ensuite, à peu près au moment où j’ai sorti ma deuxième mixtape, “Quarter Water Raised Me Vol. 2”, Cole venait de finir “Born Sinner”, il ne l’avait pas encore sorti mais il jouait l’album pour certaines personnes et il l’a notamment fait écouter à Salaam Remi puis il lui a parlé de moi : “je taffe avec ce jeune du Queens, je voudrais te faire écouter quelques-unes de ses chansons” et il lui a fait écouter une partie de ma deuxième mixtape. Salaam Remi, c’est le gars avec qui je voulais signer en premier, même avant Cole ! Pour Cole c’était plus en mode : « t’es mon pote, je t’emmène avec toi, si tu as des opportunités, saisis-les ! » mais c’était vraiment la première fois que quelqu’un que nous respections d’extérieur à notre team nous disais : ces gars sont bons, je les soutiens à fond. C’est ce qui a vraiment changé les choses.

As-tu collaboré avec lui ?

Non, j’en avais envie, je vais le faire, il est dope, je n’ai pas encore vraiment eu le temps de taffer avec des mecs extérieurs au label principalement parce que j’enregistre beaucoup sur la route et tu connais les mecs en tournée avec moi, c’est Cedric et Ron, donc c’est plus facile !

Ouai sinon tu dois prendre le temps d’aller à Miami…

C’est vrai, mais je veux le faire une fois que j’aurai fini de promouvoir cet album avec la tournée, j’aurai du temps pour enfin collaborer avec les personnes qui m’inspirent vraiment.

Par qui commencerais-tu ?

Mec, j’ai une liste sur mon téléphone ! J’avais déjà une wish liste pour cet album, beaucoup de choses pas très connues, laisse-moi voir ce que j’ai…
Oh, il y a ce producteur de Copenhague (?), je le kiffe, je veux taffer avec Tricky Stewart, j’aime beaucoup ce qu’il fait, Clams Casino, Penthouse Penthouse, Shlomo, je note tous les trucs que j’aime.

C’est étonnant car c’est très varié, c’est vraiment représentatif de ta personnalité et de ta musique, tu es ouvert à différents genres musicaux, Salaam Remi a d’ailleurs produit différents genres…

Exactement, en fait quand je note les noms des personnes qui m’inspirent, j’attends juste d’avoir assez de temps : « OK, ces deux prochains mois, je vais une semaine ici, une semaine ici, une semaine ici… »

Es-tu impatient de pouvoir le faire ?

Ouai, je n’ai jamais vraiment pu, mais maintenant A. J’ai plus de ressources, B. Les autres artistes me respectent plus, ce qui est important car tu ne veux pas travailler avec des gens qui ne t’inspirent pas et inversement. Je ne veux pas qu’un producteur se ramène à ma session en mode “je dois faire cette session avec ce gars parce que mon label me l’a demandé” et pareil pour moi, je dois kiffer ce qu’il fait. Et même s’ils ne connaissent pas ma musique, ils vont se dire A. c’est du lourd et B. ce gars est actif, il sort des sons, il fait des tournées, ce n’est pas une perte de temps.
J’ai plus confiance maintenant, il n’y a personne que je pense ne pas pouvoir approcher, je ne suis plus comme un fan qui veut bosser avec son idole alors qu’avant je voulais plus prouver ma valeur et montrer que je pouvais réussir par moi-même, tu vois ce que je veux dire ? Maintenant j’ai plus l’impression de pouvoir aborder les artistes d’égal à égal.

J. Cole est devenu une des plus grosses stars du rap, Dreamville attire forcément l’attention, est-ce que tu ressens de la pression ou est-ce que ça t’inspire ?

Je suis là depuis le début de Dreamville, donc je pense que la beauté de cette situation c’est aussi de pouvoir travailler avec un mec comme Cole qui a signé son contrat avec la maison de disque il y a seulement 7 ans. Quand j’ai signé mon deal avec Interscope, j’ai rencontré le staff avec Ib [Ibrahim Hamad] et Cole pour leur expliquer la vision Dreamville. Il me l’a dit des millions de fois et il leur a dit : « nous ne jouons pas au jeu des singles radio, Dreamville ce n’est pas ça, nous voulons que nos artistes créent des albums qui vont toucher les gens, puis qu’ils partent en tournée, ça prendra forcément plus de temps mais ça durera aussi plus longtemps ! ».
Il le sait parce que quand « Sideline Story » allait sortir, il leur disait : « nous pensons que nous allons vendre 55 000 copies » puis nous sommes partis en tournée pendant 2 ans et nous avons vu plus de 55 000 fans, nous savons que nous avons touché plus de gens que ça mais ça ne se voit pas forcément dans les charts, ça ne s’entend pas à la radio que tu as touché tous ces gens et que ta musique parle à leurs cœurs et marque leurs esprits, il y a une connexion plus profonde que juste ce qui fait le buzz en boîte, c’est ce qui les pousse à te soutenir, tu comprends ? C’est presque comme ne pas voter, tu vois ce que je veux dire ?
Et ensuite l’album est sorti et s’est écoulé à plus de 200 000 exemplaires la première semaine et tout le monde se demandait comment ça avait pu arriver, tout le monde était choqué sauf nous, voilà c’est notre vision des choses.
Je me souviens quand j’ai sorti « Last Winter », c’était la première fois que je vendais quelque chose que j’avais fait, j’étais allé en tournée pendant un moment, j’allais le sortir et je me souviens qu’Interscope m’a dit : « idéalement, nous voudrions que ce soit ton premier album mais nous savons que tu ne veux pas attendre 2ans qu’on te fasse connaître donc vendons le quand même comme un album au lieu de le sortir en mixtape gratuitement, ça donnera du cachet à ton projet et ça te permettra d’être présent sur le marché. »
Et je me souviens qu’ils m’ont dit « on ne veut pas que tu te décourage, nous pensons que ça vendra autour de 500 exemplaires environ », je crois que la première semaine on a vendu à peu près 4 000 copies !
On s’en foutait des chiffres mais ça représente la force de notre marque, il n’y a pas d’autre indicateur pour ça, c’est difficile de voir ton impacte. Quand “Too High To Riot” est sorti on a sold out un paquet de concerts, j’ai reçu des appels de promoteurs qui m’ont avoué qu’il y avait des artistes plus connus qu’ils payaient plus cher qui n’arrivaient pas à remplir les salles que j’ai remplies !
Donc on recevait ces appels et ces emails pendant la tournée donc les choses marchaient comme prévu. Tu gardes la foi, tu restes patient, tu continues de travailler et ça va marcher. J’ai eu la chance de le voir avec Cole, je suis sûr que pour lui c’était beaucoup plus incertain parce qu’il a ouvert les portes pour les autres artistes du label. Tout le monde chez Dreamville a ensuite adopté cette philosophie et cette stratégie à long terme, on veut sortir des albums, pas des singles, si tu sors un tube, il viendront peut-être t’écouter 15 minutes en boîte mais ils ne voudront pas te voir pendant une heure, ils veulent juste écouter une chanson alors que si tu paries sur la durée tu verras qu’ils connaîtront tous les mots de ton album. C’est ça qu’on veut parce que ça veut dire qu’ils ont une connexion avec ta musique, c’est la soundtrack de leurs vies, c’est ce qu’ils écoutent du début à la fin.
C’est pour ça que je ne sens pas de pression, parce que je sais que mon équipe est sur la même longueur d’onde, Cole ne me dit pas : « Où est le single ? Sors-moi un hit ! ». Il n’y a pas de ça ici, quand je chercherai trop à sortir un hit, c’est lui qui me raisonnera : « Bro, fais-moi confiance, ça va arriver, focalise toi sur ta fan base, tu ne dois te soucier que de ça, continue de construire ton audience en écoutant ce que veulent tes fans et ensuite tu arriveras à un tel point que les radios ne pourront plus t’ignorer, tu vois ce que je veux dire ? Ils n’auront pas le choix que de te jouer. »
Regarde un mec comme Chance [The Rapper], il est indépendant mais les radios jouent sa musique parce qu’il s’est construit une audience solide, aujourd’hui ses fans font tellement de bruit que tu dois le respecter, peu importe qui tu es.
Internet a fait bouger les choses, tu n’es plus l’esclave des radios, elles ne décident plus de ton sort, pareil pour les magazines, tu peux toucher tes fans directement et ils vont venir te supporter.

Dreamville est souvent comparé à TDE et les artistes de chaque camp travaillent souvent ensemble, tu as pas mal travaillé avec Ab-Soul, est-ce que tu as d’autres projets ou chansons dans les tuyaux avec lui ou d’autres artistes de TDE ?

On vient de sortir « Braille » moi et Soul, je suis sûr qu’on va continuer de taffer ensemble, je suis souvent en Californie donc je vois mes potes de TDE très souvent, ce sont de bon gars, je viens de rencontrer Isaiah Rashad à cette soirée, c’est vraiment un bon gars, on a échangé nos numéros, j’aime son nouvel album donc on devrait certainement travailler ensemble à l’avenir.
Evidemment c’est Ali qui a mixé mon album et je suis fan de ce qu’ils font, ce sont des artistes éclairés.

Tu as travaillé avec Tae Beast ?

Non.

Tu devrais travailler avec lui !

Ouai ouai, il faut, je vais l’ajouter à ma liste tout de suite !

Dernière question : avec quel artiste rêverais-tu de collaborer, vivant ou mort ?

…….Bob Marley.
J’étais à ce festival au Québec il y a deux ans, Snoop Dogg était la tête d’affiche et à la fin du concert ses musiciens ont joué un medley de Bob Marley, j’étais au milieu de 50 000 personnes et l’énergie était si positive mec, je me suis dit que ce mec avait réussi à faire de la musique très consciente et engagée tout en restant fun, ce qui est très difficile, tu vois ?
Chaque fois que la musique est profonde, ça a tendance à plomber l’ambiance, peu importe combien on aime la musique soulful, voilà pourquoi j’ai trouvé ça incroyable de voir 50 000 personnes sauter et crier “One Love” et tous ces messages vraiment puissants.
Je dirai définitivement Bob, mec !

How was your experience in France ?

I left France at 8, so the first two years I was in France then we were in Qatar for three years but then I came back to France from 5 to 8, which is obviously the part of France I remember the most.
I remember school, I remember the boulangerie, how delicious that was ! I remember all the candy and the chocolate, I remember a lot man… I remember playing basketball in Beaugrenelle with my brothers, we lived pretty close to there. I remember walking around with my father. There is a lot I remember, you know, obviously the Champs Elysées and all the really memorable spots.
I don’t speak it well but I understand the language pretty well so that stuck with me.
I remember school, I remember school lunch being really good, so much better than in the US ! I remember getting to the US and be like : “this is what they feeding us ? This is terrible !”

Is there something that really stuck with you from France ?

Oh I do remember, this was one of my earliest realization, that education was a lot better here because I remember the math I was doing in the second grade here, I didn’t start doing it until the 5th grade in New York, even that young I remember realizing by looking at my classmates like : “wait, you guys haven’t done this yet ?” !
Or even writing a script you know, I learned writing script here like in the first grade or second, it’s super early. We didn’t start writing here [in the US] to the sixth grade or something. When I went to New York I was young, now I understand how was the education a lot better and how the whole system works but even when I was young I remember feeling like I was a little bit ahead in a sense.

And would you say that even if it was early in your life, it still has an influence on your music ?

Yeah a hundred percent, I mean, obviously a few of the producers I work with are from here.
I have four older siblings so they gave me a lot of their music but many times on Cartoon Network I remember watching Interstella 5555 and falling in love with that song and then going into more French house and things of that nature. I’ll see my brother and all the music he put me onto.
So yeah for sure I think that has a big effect on my sound selection now and my beat selection now is different than most, it is definitely wider and it borrows a lot from European influences, even the guys I work with here… It’s all about a good mix you know, it sounds like French houses inspired but in it you might have some trap drums and high hats and all the things that could, for the people that don’t listen to this, they could meet somewhere in the middle.

You’re a fan of the PSG right ?

Yeah, yeah, that’s my squad !

You think they have a chance to win the Champions League this year ?

Maan, hum… is Cavani ballin’ ? I haven’t followed too much I was a little worried…

Cavani is doing good right now !

He’s doing good ? Ok, you know when Ibra left, I was like who’s gonna replace him ? I haven’t got to follow too much this year but you know it’s… obviously with Barcelona in The Champions League, it’s hard to pick against them… PSG is my favorite team, Man City’s been looking pretty good, Guardiola is looking really good too, I think they just beat Barcelona like a few weeks ago right ?
So it’s tough, but I always root for PSG, I’m always rootin’ for them but they got smoke last year !
I still see… was it David Luis when Suarez ran em down ? Oh god, that hurt to watch , that was so painful ! He didn’t have to do it like that man ! You didn’t have to do it that way ! But I’m always rooting for them, you know.

Correct me if I’m wrong but you spent the last two years on the road right ? So dealing with a new fame but also personal issues, how did your state of mind change from Last Winter to Too High To Riot ?

I think it is more self-reflective on my last album, Last Winter was the beginning for me of making a living off of rap and all the pluses that come from this life and all the luxuries you can afford and so it’s like jumping headfirst and be like wow this is fun, this is exciting, all those things are new.
Too High To Riot is kind of the riot sense and… you know, all the stuff that was new isn’t new anymore and you realize that time keeps ticking so everything else that’s going wrong or that you’re forgetting about, that you’re neglecting, is still happening. So Too High To Riot is me kind of reflecting on those moments and trying to come out of this bubble, of this rap fantasy fairy tale and giving more thought and attention to the real issues in my life and in society in general to a point.

And it makes people connect with your music to, they experience the same things.

Right, exactly, the more vulnerable you make yourself… which is something I wasn’t able to do as well on Last Winter mainly because I feel like I lack the confidence like “ok my fan base wants this, my fan base wants that”… With Too High To Riot I had gone on the road, had built a lot of confidence, I had seen people singing my songs word for word and you’re like okay well, they connect with me so I can be more open, I can be more honest, I can be more vulnerable. I was able to do that with Too High To Riot, it has an incredible effect on my career, on my fan base and on the respect I get from my peers. It’s just like a lesson, it felts like a gamble at first but it paids off tremendously, it was very necessary for sure.

You spoke earlier about moving from Paris to Queens and you spoke about the other artists from Queens being an influence for you, by being lyricists, so who would be your main influence coming from the Borough or the city in general ?

I would say Nas, Jay-Z and Fifty… and BIG, can’t forget Biggie, Big Pun, that would be my top 5 from New-York right there. I think they all cover different things, Nas to me just paints such vivid pictures like when he had the whole world feels like they were in Queensbridge ! And then Hov is like the ultimate champion, he’s inspiring in that regard. Biggie is just the most charismatic dude to me to ever pick up the mic, that’s something I really enjoy about him, I would like to almost emulating him in a sense that when Biggie is rapping, you kind of feel like he’s just talking to you, like you’re having this conversation but you also feel like he’s the coolest nigga in the room, you know ? So they all did something very different that I really admire.

It’s funny because you really rep New York hard but at the same time your sound doesn’t sound typically New York, so how would you describe your music ?

I think of myself as a lot of global influences because even though I was raised in New York there are parts of my history and my upbringing that are based in Paris, that are based in Sudan… I’ve been traveling my whole life and taking those influences of my older siblings but I do think the problem with New York rap is that it’s supposed to sound like New York rap. Like as if you’re not supposed to push it forward, you know what I mean ? It doesn’t matter what the sound is, I feel like my stories are of New York, are from New York, so then no matter what I do, it’s New York rap ! And actually what New York rap needs the most is sounds that are going to inspire and influence the rest of the game as opposed to sounds that most people are lovers, you know ? Not gonna say over because I’m still a fan of it and we all still enjoy it but it doesn’t feel progressive, it doesn’t feel new, music has to continuously feel new. You go to Atlanta or even a lot of stuff coming out of Toronto, a lot of that feels new, that’s how they moved to the forefront of the game, so I think that’s kinda what was lacking in New York, you can’t try to sound like New York rap, you have to create something new.

You feel that it’s coming back ?

I do, I think there are a lot of good artists coming out of the city, I’m rooting for any and everyone coming out of the city honestly.

What’s your favorite joint right now from New York ?

I like the Young M.A record, I really like her, she didn’t get enough credit for how good of a rapper she is, obviously like everyone else I heard her on the “Ooouuu” record but I click on a few freestyles she did on the radio…

On the Quite Storm joint ?

Yo, woouuh ! She bodied that, she killed that ! That’s dope man ! It’s good to see the balance, New York finding balance of… all right we’re still lyricists but we can make these kinds of song too.

Speaking about your choice of beats, how do you pick them ?

I would say… I like a vibe, an emotion, you know ? I like for the beat to dictate where the content is gonna go. I have a song called “Live for” produced by Ogee Handz, a Parisian producer, and I speak about my aunt passing away and I wrote it to that beat. He came to my house in LA and made that beat and I just came and sat with him and I started writing that song because the emotion is in the music, you know ? You don’t just have to find a way to convey a message, when sonically any word can drive on the point, so it all kind of depends on the mood. Even “Clouds Never Get Old”, which is another song that Ogee produced, it’s very bouncy and kind of like some player shit, like some smooth player shit, so I’m going to talk about shit I’ve done on the road with girls and experiences I’ve had with women in my life in the past few years or whatever the case may be. So mainly I’m looking for an emotion, it has to have an emotion in the music.

So you just said you also sat with the producer and talk with him and dig with him, so would you take part in the production process of the songs ?

Yeah for sure, there is a song called “Penthouse” on my album that Ron [Ron Gilmore] produced but I had the sample, I found the sample, I usually like to come with samples, you know ? Even “Lit”, when we did “Lit” me and Ced’ [Cedric Brown], I had a sample, that was a sample of the Miguel record.
And then obviously, you want to let the producers express their creativity but I know that if I have a sample then part of the sonic landscape is already there and part of the emotion that I’m looking for is already there so there are a few records where I come with a sample and then obviously when every song [are done], when we’re going to post-production, I say Ron to play bassline and maybe you know “let me get something that moves a little more” and he’ll play something that moves a little more or “let’s add some bottom to this” or whatever the case may be, I’m definitely very involved in the process sonically.

So do you feel more comfortable working with in-house production or external people ?

I think I can collaborate with anyone, it’s been in house mainly because I don’t feel like we’ve reached our peak. I’ve seen every project we do, I’ve seen improvements and how we grow together as a unit and that kind of excites me ‘cause most of my favorites… you know, it’s 50/50, it’s the production and it’s the artist and the song writing that comes from that, so you wanna… the more you work with people, the more the chemistry builds, the less things have to be even said. Like take The Hics even, I met them when I was working on “Too High To Riot” and we did two songs for that and the first song we did was like the first night we met each other, you know ? The second song we did was “Matches” and there was a world of a difference there already between “Ricochet” and “Matches”, so it’s like I know the next song we do or the next time we lock into the studio, it will be better ‘cause now we’re more comfortable with each other as artists and as friends. I could tell ‘em whatever I’ve been thinking about, these problems I have, and they’re gonna be like “alright we can build off of that”.

So it’s harder to do it with someone you don’t know, obviously it’s harder to even… it’s harder to tell them that you don’t like that idea, you know what I mean ? So it is much easier when you build that chemistry, there’s no egos to brews, this is like “no, I don’t like that !”, even when I work with Cole or when I work with Cozz or anybody on the label, even rap wise, we’re so comfortable with each other like : “Yo, you know I love the first 12 bars, the last four you can finish better, yeah, rewrite those last four !” and no one feels insulted because everyone is on the same page, right ? It’s not about egos, it’s about let’s make the best music we can make. I’m gonna be mad if you’re not honest with me, don’t let me put on no whack shit ! So yeah that’s why we’ve been so in house because the chemistry been so good.

So let’s say some French people read this interview and they want to send you some beats, where they can send them ?

It’s actually the letter d@dreamville.com, he’s the big homie, it’s Derek, that’s D, he doesn’t make the music but he knows what I like, he knows the sounds I like, I’ve known him since freshman year in high school and we’re into the same music so he’s like the first level ! You gotta penetrate the shield !

So you met J. Cole at the university right ?

So he went to school with my brother, they went to school at St. John’s University, which is pretty much in my backyard so we had a lot of mutual friends, we played basketball at the same park, I used to throw a lot of house parties he came by, things of that nature, so I didn’t rap you know, we were just friends back then.

So you were friends from the jump, how is it to work with your friends ? Because sometimes it can be difficult…

Yeah, I wouldn’t say it was never difficult, I think in the beginning, we were all in a place, them and myself, for them it’s like : “damn, do we like Bas’ music because he’s the homie or is he really that good ?”, for me it’s like : “am I good ? Or do they fuck with me because I’m the homie ?”
But then I think around the time I put out my second mixtape, “Quarter Water Raised Me Vol. 2”, Cole had finished “Born Sinner”, he hadn’t put it out yet but he was playing it for people and he went to play “Born Sinner” for Salaam Remi and then he was : “Yo, I’m messin with his kid from Queens, I want to play you a couple songs” and he played him some of my second mixtape and it’s almost the first dude I want to sign with, even before [Cole] ! For Cole, it was just like : “you the homie, I will bring you along whatever you can make happen, make it happen” but that was kind of the first time where we had outside people that we really respect be like : “oh, these kids are dope, let’s fuck with them”, that kind of changed things.

Have you worked with him ?

No, I wanted to, I will, he’s so dope, I haven’t had the time to really get outside the inner core group of guys maybe because all the music I make is… a lot of it is on the road and you know the guys on the road, me and Cedric and Ron… it’s easier !

Yeah you need to took the time to go to Miami, sit with him…

Right right, but I want to after I finish out this album with this tour, I will have some time to really going to sit with people that really inspires me.

Who would that be ?

Man, I have a list on my phone ! I had a wish list for this album, this is a lot of obscure stuff, let me see what I have on here…
Oh, there’s this producer from Copenhagen, I like him, I want to work with Tricky Stewart, I really like his stuff, Clams Casino, Penthouse Penthouse, Shlomo… I write stuff down that I know I like.

It’s funny because it’s super diverse, it’s really representative of you and your music, it goes in different genres of music and even Salaam can do any genre…

Exactly, so when I write these things down, people that inspires me, I’m just waiting for enough time off to be like : “ok these next two months I’m going to a week here, a week here, a week here…

Are you hyped to do that ?

Yeah, I’ve never been able to, but I’m now in a place where : A. I have more resources, B. I have a lot more respect from my peers, which is important cause you don’t want to work with people unless you’re mutually inspired. I don’t want some producer to come in my session and be like “ooh I gotta do this session with this guy ‘cause my label said so” and same for me, it’s gotta be like : “oh I like his shit”. And even if they don’t know my shit they gonna look at me like : A. this is dope and B. this guy’s moving, he’s doing stuff, he’s touring, this isn’t a waste of my time. I have more confidence now, there’s no one I feel like that I can’t approach and be like : “oh I’m a fan and I want to work with you”.
Whereas before, it was more so about proving myself first and standing on my own two and be like : “look, to do this shit I’m dope !”, you know what I mean ? It feels more like I can approach it more on a peer level and just be like : “I respect your work, let’s go to the studio.”

Cole is one of the biggest rap stars right now, Dreamville draw much attention, do you feel some pressure or does it inspire you ?

I’ve been here really from the beginning of the Dreamville thing, so I think the beauty of it is also working with someone like Cole who only signed his record deal like seven years ago. When I did my deal with Interscope, I walked in the building with Ib [Ibrahim Hamad] and Cole to meet the whole staff and kind of give ‘em The Dreamville vision. He told me this a million times and he told them : “we’re not trying to play the singles radio game, that’s not going to be Dreamville, we want our artists to make albums that are going to touch people, whole albums and go out on a road and tour… and it’s gonna take longer but it’s going to last longer !” and he knows that because when “Sideline Story” was about to come out, he were telling them all : “we think it’s gonna sell 55 000 copies” and when we’ve been on the road for two years and you’ve seen more than 55,000 friends, we know that we have touch more people than that but that doesn’t show up on the charts, that doesn’t show up on the on the radio spins that you touching all these people and that your music speaks to their heart, speaks to their mind, it connects with them on a deeper level than just the club or what’s poppin’, it’s something that makes them feel like they have to support, you know ? Like this is almost like not voting in a sense, you know what I mean ?
And then the album came out and sold 200 some thousand first week and everyone was like “how did that happen ?” and everyone was shocked except us, so that’s kind the same way we feel now.
I remember when I was putting out “Last Winter”, that was the first time I was selling anything I had done, I went on the road for a while, I was gonna put this out and I remember Interscope was : “well, ideally we want this to be your first album but we know you don’t want to wait but you’re gonna have two years while we market you so let’s just sell it like an album instead of putting it out as a free mixtape and just putting you on a different level and having your stuff available commercially”. And I remember ‘em telling me “we don’t want you to be discouraged, we think that will sell like 500 copies or whatever”, I think the first week it did like 4,000 or 3700 copies, you know what I mean ?
We didn’t care about the numbers but it speaks to our brand, there’s no other metrics for, it’s hard to see our impact. “Too High To Riot” went out and we sold out a lot of shows, I get calls from promoters that tell me there are bigger artists that I’m paying a lot more money than you that can’t fill up this room the way you filled up this room !
So we’ve been getting those calls and emails like since we did the tour so it’s working how we planned it. You keep faith, you keep patience, you keep working and those things will happen. I had the benefit of seeing it with Cole, I’m sure for him it was much more uncertainty because they were kind of blazing a path while I was boarded in. And I think everyone on Dreamville has boarded into that kind of philosophy of how we want to grow, we want to put out albums, not singles, if you put out a dope single, they might come to see you in the club for 15 minutes but then they don’t want to see you for an hour, they just want to see one song whereas if you’re here later you’re going to see that they’re gonna know all the words of the whole album. That’s what we want because that means that the music is connecting with them, it’s the soundtrack to their lives, it’s what they play from front to back.
So I don’t feel the pressure because I know that my whole team believes the same, I don’t have Cole like : “Where is the hit single ? I need the hit single !”. There’s none of that, when I feel like I want the hit single, he’ll be the voice of reason here : “bro, trust me, all that shit is coming and just build your base, worry about the base, just keep building your base with what your base wants and then it gets to the point where radio can’t deny you, you know what I mean ? They have no choice but to play it.” Look at a dude like Chance [The Rapper], he’s independent and again radio plays it because what he’s done for his fan base, and now his fan base makes so much noise that you have to respect it no matter who you are.
The Internet has changed that a lot, you’re not tied to radio, it doesn’t make you, you don’t need certain magazines to make you, you can touch your fans directly and they’re gonna come out and support.

Dreamville is often compared to TDE and artists often work together from both camps, you’ve been working a lot with Ab-Soul, do you have more projects or more songs coming with Ab-Soul or other artists from TDE ?

We just put out “Braille” me and Soul, I’m sure we’re gonna work more, I’m often in California so I see those homies all the time, they’re all good dudes, I just met Isaiah Rashad at this event I did, he is a real good dude, we exchanged our phones, I like his new album so we may link and doing some. Obviously Ali mixed my album and I’m a fan of a lot of the stuff they’re doing over there, they are kind of light minded individuals.

You work with Tae Beast ?

No.

You should work him !

Yeah yeah, I want to, I’m gonna put that on the list right now !

Last question : what would be your dream collaboration dead or alive ?

…….Bob Marley, I did this festival in Quebec City like two years ago and Snoop Dogg headlined it and at the end of the show, his band just went to a Bob Marley medley and I was in this festival with like 50 000 people and the energy was so positive man and I’m like man this dude was just like he was making politically conscious socially aware music that was so fun, which is usually a challenge, you know ? Every time that music is like very deep, that kind of drags you down a little bit, as much as we love its soulful but there’s a certain appeal to me of when you know you can have 50,000 people jumping around and screaming “One love” and all these things that are like really powerful messages. I would definitely say Bob, man !