BENEFICENCE – BASEMENT CHEMISTRY [CHRONIQUE]

BENEFICENCE – BASEMENT CHEMISTRY [CHRONIQUE]

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Basement ChemistryNote

UNDGRD CLASSIC

Beneficence fait partie de ces artistes qui ont un profond respect pour cet art et ses fondations et dont le but est uniquement de perpétuer ce son à l’ancienne et cette façon presque artisanale de concevoir le rap.


Sortie : 29 janvier 2016

BEST TRACKS : Tout l’album est une boucherie. TOP TRACK
Anyway It Goes

Beneficence c’est le MC dont tu n’entends jamais parler mais qui te dis quand même quelque chose… C’est le rappeur dont le nom apparaît sur plusieurs projets underground que t’as écoutés par le passé mais que tu n’as jamais vraiment retenus.

La raison pour laquelle ce nom ne te dis probablement rien, c’est que malgré ses connexions avec quelques grosses pointures du rap underground, Beneficence a préféré marcher dans l’ombre, se forgeant une solide réputation sur la scène underground au grès des différents feats, projets et collaborations tout au long des années 2000. Il fait parti de ces artistes talentueux et sous-estimés n’ayant jamais pu (ou voulu) signer sur un label plus important et avoir la visibilité et la notoriété qu’ils méritent.

Originaire de Newark dans le New Jersey (plus connu sous le nom de « Brick City », ville tristement célèbre pour son crack et son taux d’homicides le plus élevé de la côte Est), le MC se fait la main au début des années 90 grâce aux membres d’Artifact, groupe originaire de la même ville. Après avoir sorti 3 albums grâce notamment au soutien d’El Da Sensei ou de Mr Len, Beneficence monte d’un cran en 2011 avec son désormais classique « Sidewalk Science », principalement grâce à la participation marquante de Diamond-D mais aussi celle de Roc Marciano, Lord Tariq, The Legion et bien d’autres.

Un digne représentant de la Golden Era aux rimes aiguisées et conscientes qui, malgré les années et une disco longue comme le bras, ne changerait sa direction pour rien au monde. Influencé et entouré par de très bons lyricistes depuis le début de sa carrière, il n’a jamais sacrifié ses principes et sa vision du rap en s’inspirant de modes ou en surfant sur des tendances, synonyme de quelques dollars ou followers supplémentaires. Et pour être bien sûr de garder son indépendance et sa liberté artistique, il a monté son propre label « ILL Adrenaline Records » en 2010, dont la mission est de garder le « real hip hop » alive autant que possible. Après 2 réussites sorties consécutivement en 2011 et 2012, Beneficence nous sort en 2016 une nouvelle pépite underground maison comme il sait les faire, qui aurait pu être enregistrée à la fin des années 90.

Dès l’intro de « Basement chemistry », Beneficence nous sert une entrée en matière sur fond de craquements de vinyle et notes de piano, en introduisant son album comme une recette de cuisine précise concoctée aux petits oignons par des chefs étoilés du « real rap » dont la réputation n’est plus à bâtir, humblement réunis ensemble pour faire de la bonne cuisine et nous régaler..
L’album ne pouvait pas mieux commencer avec 3 tracks très efficaces dont la redoutable « Digital Warfare » qui met en scène un Inspectah Deck très en forme sur un beat aux influences indous, et « Anyways It Goes » dont la prod de folie sert de fond à la réunion East/West assez innatendue de Beneficence et du rappeur de Compton MC Eiht. Cette ligne de basse a enfoncé le clou : à peine 3 morceaux, et je suis déjà conquis.


A partir de là, ce ne sera qu’une avalanche de sons issus de samples soul et jazz 100% East Coast qui ne te lâchera pas jusqu’à la dernière note.
En plus de nous servir des morceaux boom bap de très grande qualité comme « Each One Teach One » ou « Vibrate the Street » (Primo ? C’est toi ?? Si tu n’as pas jeté un coup d’oeil aux crédits avant l’écoute, t’es sûr de reconnaître tonton aux platines !), on sent l’effort produit pour nous servir de la variété dans les ambiances comme sur « Smooth Hardcore », un son qui pourrait faire penser à du ATCQ ou « Maui Vacation », très bon morceau sur lequel le MC de « Brick city » nous sert un storytelling de qualité.
Même lorsque la cadence et le bpm ralentissent, ça reste toujours aussi agréable avec l’enchaînement « Forever More » et « When The Sun Comes » feat. Masta Ace qui délivre des lyrics plus smooth avec un refrain magique. Un morceau qui respire l’authenticité à l’image du clip, une des tracks les plus marquantes de l’album.


En arrivant vers la dernière partie du LP et avec une nuque déjà bien en feu, Beneficence nous lâche toujours pas et nous assène ce coup fatal, un petit bijou signé L’Orange, une prod vintage de folie dont il a le secret suivi de la très bonne « Make It Hot », parfaite façon de conclure son album avec un Dres toujours en forme sur un beat issu du sample de « Never Can Say Goodbye » des Jackson 5.
Pas d’outro, pas d’artifices. Beneficence te laisse sonné après t’avoir mis 1 heure de bangers dans la tronche… mais malgré ton cou brisé, il t’a quand même laissé un grand smile et l’envie de ré-appuyer sur play dans la foulée !


Au final pratiquement aucun déchet dans ces 19 tracks, la qualité est partout et chaque morceau à son intérêt et son identité, que ce soit en terme d’atmosphère ou de thèmes abordés. Le projet sent la sincérité, la passion, et le plaisir simple de rapper entre potes et ça se ressent dans l’ambiance. La présence de passages scrach sur des samples soul, jazz et old school classics est jouissive et le MC expérimenté utilise son flow dans différents domaines comme le storytelling, les lyrics conscients mais aussi dans un style plus agressifs ou au contraire plus chill. Sans hésiter un des meilleurs albums underground East Coast de ces dernières années selon moi.

Beneficence fait partie de ces artistes qui ont un profond respect pour cet art et ses fondations et dont le but est uniquement de perpétuer ce son à l’ancienne et cette façon presque artisanale de concevoir le rap. Si vous écoutez ses 3 derniers projets, il serait même difficile de les positionner dans le temps tant le son qu’il nous sort reste toujours fidèle au précédent.

Si vous kiffez ce genre de son (et j’en doute pas si vous êtes ici !), et s’il vous reste encore quelques muscles valides au niveau des cervicales après l’écoute de « Basement Chemistry » (perso il va me falloir une minerve), je ne saurais trop vous conseiller de vous jeter sur ces 2 derniers opus, « Concrete Soul » sorti en 2012 et « Sidewalk Science » en 2011. Mais faîtes un break entre temps, je veux dire pour votre santé, sinon vous êtes bons pour 1 séance chez l’osthéo !!
Perso j’ai une préférence pour le « Sidewalk Science » grâce au taf de Diamond-D qui en a produit les meilleurs morceaux. Par contre je n’ai pas encore écouté ses projets avant 2011, faudrait vraiment que je me les fasse. D’ailleurs si quelqu’un les a écouté j’aimerais bien connaître votre avis !

Vous l’aurez compris, « Basement Chemistry » est un album 5 étoiles.
Il n’est sorti que y’a une dizaine de jours à peine mais allez je le dis, c’est pour moi un « instant underground classic ». Bien sûr chacun aura son analyse et son point de vue concernant cet album, et étant donné que j’affectionne particulièrement ce genre de came, et que je me sens un peu comme un junkie qui vient de s’injecter sa dose après un long sevrage, y’a moyen que je manque parfois un poil d’objectivité..;)
En espérant vous avoir donner envie d’y jeter une oreille en tout cas!

Chronique écrite par Bast.

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