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Un an seulement que Good Kid m.A.A.d City hante nos enceintes et pourtant son influence sur le game est déjà indéniable. Comme en atteste l’incroyable buzz autour de ce vers sur Control, Kendrick n’est plus le jeune rappeur talentueux de Section 80, il est la nouvelle superstar du rap, le nouveau boss de la West Coast et accessoirement le nouveau Best Rapper Alive !
Beaucoup ont qualifié cet album d’instant classic mais je reste toujours méfiant quant à l’utilisation excessive de ce terme qui nécessite un certain recul. Alors, un an après sa sortie, que vaut ce premier album de Kendrick Lamar ?
Je pense qu’on peut affirmer sans le moindre doute qu’il s’agit d’un « game changer », comme dit en intro, il a fait passer Kendrick de rappeur qui fait le buzz à superstar du rap signée sur Aftermath sous l’aile du docteur. Aujourd’hui il peut collaborer avec des artistes du calibre commercial de James Blunt ou Lady Gaga, et même si ça ne m’enchante pas, c’est la preuve de son incroyable succès. Même constat dans le rapgame, Jay-Z est sur le remix de Bitch Don’t Kill My Vibe, tout le monde s’arrache Kendrick en featuring et Drake tremble à chaque cypher du prodige de Compton !
Au delà de sa personne, l’influence de K-Dot s’étend à son crew. Les autres membres de TDE bénéficient de l’exposition de leur pote pour attirer les projecteurs et Schoolboy Q devrait être le deuxième membre à percer avec Oxymoron – dont la promo a vraiment démarré avec le featuring de Kendrick -.
Si l’explosion médiatique de ce dernier est la preuve de l’influence de GKMC, les raisons en sont d’abord artistiques. On attendait tous un très bon album de Kendrick mais très sincèrement, est-ce qu’on pensait qu’on allait avoir un projet aussi profond, travaillé, intelligent, abouti et si peu tourné vers les radios ?
Non, je ne pense pas. Musicalement d’abord, l’univers unique et délicat que l’on apercevait dans Section 80 s’étend sur GKMC. Des ambiances planantes et mélancoliques que l’on retrouve avec bonheur dans Bitch Don’t Kill My Vibe, Money Trees ou Peer Pressure, des mélanges uniques entre synthés ambiants et instruments organiques – Sing About Me -, musicalement l’album est un vrai bonheur, c’est cohérent, délicat, suggéré et surtout très équilibré. Kendrick n’a pas oublié qu’il s’agit de rap et nous a distillé quelques bangers comme Backseat Freestyle ou Swimming Pools qui est devenu un hit radio après la sortie de l’album et l’explosion de K-Dot.
Enfin, en plus d’avoir des tubes marquants, certaines chansons ont installé des gimmicks ou lyrics célèbres, on pense évidemment à « Bitch Don’t Kill My Vibe » que l’on retrouve sur de nombreux t-shirts ou encore le fameux « Ya Bish ? » de Money Trees qui a fait son buzz sur Twitter.
Artistiquement, Kendrick a su remettre au goût du jour le « concept album » sans jamais être chiant, tous les skits – de ses parents – ont leur rôle et font avancer la trame narrative avec humour ou menace, les bangers arrivent au bon moment pour éviter les coups de mou et surtout, Kendrick a ressuscité un art oublié, le STORYTELLING.
Lyricalement surdoué, aidé par cette voix emplie de gentillesse, d’humilité et d’intelligence mais qui peut devenir tantôt agressive – Backseat Freestyle – tantôt menacée – m.A.A.d. City –, et ce flow d’une fluidité incroyable, Kendrick nous emmène littéralement dans le van de sa mère pour une journée à Compton. Et à chaque fois que je réécoute l’album j’ai un plaisir fou à suivre l’histoire de Kendrick et ses potes, mais la vrai force de ce skeud, c’est que je peux aussi balancer en soirée un Swimming Pools ou un Bitch Don’t Kill My Vibe, l’album est cohérent dans son ensemble et de nombreuses tracks peuvent aussi être kiffées hors du contexte de l’album.
Comme à chaque fois que j’écris un article sur un album, je me le mets en boucle et comme du bon vin, un an après, j’ai encore plus de plaisir à l’écouter.
Aujourd’hui, je saisis tous les détails de l’histoire, je savoure chaque instrument, chaque refrain, chaque pont, chaque transition, je comprends la signification du tableau, tout est cohérent; lyricalement, musicalement et artistiquement c’est un sans faute et je peux désormais l’affirmer :
C’est le dernier album rap sorti que l’on peut appeler un CLASSIQUE.