PUSHA T – MY NAME IS MY NAME

PUSHA T – MY NAME IS MY NAME [CHRONIQUE]

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Magna Carta Holy GrailNote

LA DOSE A ÉTÉ COUPÉE !

Entre sons street et commerciaux, entre ambiance sombre et minimaliste et prods trop lisses, entre G.O.O.D. Music et The Neptunes, Pusha T ne sait pas trop sur quel pied danser et perd l’auditeur qui n’arrive pas vraiment à situer cet artiste musicalement.


Sortie : le 8 octobre

BEST TRACKS : King Push, Numbers On The Boards, Sweet Serenade, Suicide, Nosetalgia TOP TRACK
Numbers On The Boards

Énorme fan des Clipse, Hell Hath No Fury est un des mes albums hip-hop préférés et Lord Willin fait aussi partie de mes classiques, j’attendais donc de pied ferme ce premier album de Pusha T. Remettons les choses dans leur contexte pour la nouvelle génération, NON, King Push n’est pas un freshman mais il a attendu plus de 10 ans pour sortir son premier solo !

Ce buzz soundain est bien sûr à attribuer à sa signature sur G.O.O.D. Music, le label du mec le plus influent du rap. Et si Kanye est souvent synonyme de qualité, les mixtapes que Push a sorties récemment ne m’ont pas du tout convaincu de l’alchimie Ye/Pusha. Même si Kanye ne produit pas toutes les tracks de l’album il y a clairement un style G.O.O.D. Music, bien différent de celui des Neptunes… Je ne dis pas qu’il est de moins bonne qualité mais simplement qu’il sied moins à la brutalité lyricale de Pusha. C’est mon impression générale, l’album est bon, pas mal de sons déboîtent mais musicalement je trouve le Clipse un peu perdu dans une ambiance parfois trop commerciale et trop « hype » pour lui.

Le skeud commence pourtant en furie avec un des morceaux de l’année, King Push. Une prod exceptionnelle de Joaquin Phoenix Sebastian Sartor – le fils du batteur de Metallica, Lars Ulrich – mélant échos de samples pitchés et drums militaires. Son passé de dealer au centre du tableau, son flow toujours aussi précis et cette articulation claire et caractéristique rendent ses métaphores encore plus redoutables, avec une petite pique à Drake au refrain :

« But I’m King Push, this King Push
I rap nigga ’bout trap niggas
I don’t sing hooks »

Vous connaissez déjà la deuxième track de l’album, Numbers On The Boards, une boucherie minimaliste produite par Kanye et Don Cannon. Ligne de basse létale, drums de psychopathe, bref, une track tout droit sortie des enfers qui m’a rappelé la noirceur de Hell Hath No Fury. Push n’est jamais aussi efficace que sur ce genre de beat, deuxième tuerie.

Sweet SerenadeSweet Serenade m’a fait peur quand j’ai vu Chris Brown au refrain et Swizz Beatz à la prod, mais aussi bizarre que cela puisse paraître c’est un des meilleurs sons de l’album. La prod est limpide, planante, froide et sombre, des bonnes basses, en plein dans le style de Pusha et le refrain de Chris Brown est… excellent. Pas de vocalises RNB ou d’envolé dans les aiguës, juste un fond vocal sobre, comme un écho qui se mêle à l’ambiance brumeuse du titre.

Voilà la première illustration de ce que je disais en intro, si Hold On reste une bonne chanson et que même le couplet de Ross est bon, j’ai l’impression que Pusha s’est retrouvé par hasard sur un album de Kanye et ce n’est pas du tout ce que j’ai envie d’entendre quand j’écoute le Clipse. Certainement pas ces pianos pompeux et cet autotune moisi, quand j’écoute Pusha j’ai envie de sentir la poudre blanche sur les synthés des Neptunes, en fait j’ai envie d’écouter Suicide !!

Back in the Re-Up Gang era my nigga !! Pour les fans des Clipse, ce morceau c’est comme le jour où on aura un vieux Primo au milieu d’un album de Nas, une prod classique de Pharrell qui nous rappelle directe les grandes heures du duo de Virginie. Les synthés et les basses vont cramer les enceintes de ta caisse, Pusha et Ab-Liva, à l’ancienne, le refrain casse des nuques, CLASSIQUE.

Voilà, 5 tracks, 3 bombes en mode Pusha tout neuf, un Hold On un peu trop « Yeezeske » et un Clipse à l’ancienne produit par Pharrell. À partir de là ça part en couille… Quand tu sors « my dope don’t spoil », tu lâches pas 40 Acres, c’est de la variet’ pas du hip-hop et la contribution de The Dream n’améliore pas les choses ! Que dire de No Regrets, entre le piano mielleux, le refrain catastrophique bourré d’autotune et le couplet de Jeezy, on a peut-être le plus mauvais titre de l’album.

Let Me Love You c’est une autre histoire, la prod de The Dream nous balance un vent de nostalgie dans la gueule, le refrain de Kelly Rowland nous rappelle l’époque des bons crossovers à la Bad Boy, le flow de Pusha en mode dragueur nonchalant est un vrai kiff et évidemment un hommage à Ma$e, très bon morceau, après encore une fois, c’est pas du tout ce que j’attends de Pusha et l’autre problème c’est le sequencing. Si ce morceau arrivait après plusieurs sons street comme au début de l’album, très bien, ça aurait rééquilibré le tout et amené un peu de diversité musicale et dans les thèmes abordés mais là le morceau arrive après deux autres crossovers…

NosetalgiaHeureusement Kanye reprend la main sur la prod et malheureusement les boulets de G.O.O.D. Music suivent ! On se tape 2 Chainz et Big Sean en feat, catastrophique… La prod de Who I Am reste très lourde, dans la ligné de Numbers On The Boards avec une ligne de basse menaçante et des sortes de sirènes, j’ai juste un problème avec le sample de cri sur-cramé que j’ai dû entendre des dizaines de fois ! Le refrain de Pusha n’est pas très inspiré non plus mais le morceau reste bon dans l’ensemble et ramène un peu de darkness au bon moment.

Si Kendrick a secoué le rapgame avec son vers sur Control, que dire de son couplet sur Nosetalgia, définitivement le meilleur lyriciste aujourd’hui :

« Quantum physics could never show you the world I was in
When I was ten 
back when nine ounces have got you ten
And nine times out of ten niggas don’t pay attention
And when there’s tension in the air nines come with extensions »

La prod de Nottz est difficile d’accès, ultra minimaliste, elle correspond bien au style de Pusha mais j’ai du mal à vraiment la kiffer, comme s’il manquait quelque chose.

L’album se termine assez mal avec le dispensable premier single Pain, handicapé par l’horrible Future qui vomit sur la prod de Kanye et No I.D.
Vient alors ma grosse déception du skeud, S.N.I.T.C.H. Et ouai direct quand je vois la line-up, je flashe sur ce morceau, dernier son, Pharrell à la prod et au refrain et Pusha qui finit de me teaser en disant que c’est son morceau préféré. Sorte de Nightmares raté, on est dans le même délire parano, mais pourquoi oh pourquoi P est allé nous foutre de l’autotune ??? Comme si on en avait pas eu assez ! Bref, de toute façon la prod n’est pas dingue, conclusion ratée après une intro phénoménale, dommage.

Entre sons street et commerciaux, entre ambiance sombre et minimaliste et prods trop lisses, entre G.O.O.D. Music et The Neptunes, Pusha T ne sait pas trop sur quel pied danser et perd l’auditeur qui n’arrive pas vraiment à situer cet artiste musicalement. Les lourdeurs de début et de fin d’album sont diluées par une surabondance de refrains chantés et d’autotune dispensable. La prestance lyricale de Pusha est elle ternie par quelques feats déplorables.

En attendant un nouveau Clipse avec les Neptunes aux manettes, on se satisfera tout de même de ce premier solo qui reste sans aucun doute parmi les meilleures sorties mainstream, album de l’année ?? Certainement pas.

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