THE GAME – THE DOCUMENTARY 2 [CHRONIQUE]

THE GAME – THE DOCUMENTARY 2 [CHRONIQUE]

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Le vinyle du 1er classique de The Game, The Documentary, est disponible en vinyle sur le shop ici.

The Documentary 2Note

BLOOD

Si tu n’es pas trop à cheval sur les samples pompés, tu vas kiffer une bonne partie de l’album et Game est plutôt très en forme niveau flow. On continue cependant à faire du sur place côté lyrics, le mec n’est pas assez mauvais pour qu’on l’oublie mais pas assez bon pour tenir un album sans featuring.


Sortie : 9 octobre 2015

BEST TRACKS : Don’t Trip, Made In America, Summertime, The Documentary 2, 100 TOP TRACK
The Documentary 2

– Un nouvel album de The Game ?? Comme tous les 2 ans…
– Dr. Dre sera dessus ? Ouai on nous le vend à chaque fois, il va lâcher un couplet ou un skit mais pas une prod, comme sur Compton !
– Des feats de dingue sur chaque track ? Ouai ouai on sait tout ça, The Game n’a pas assez de substance pour tenir le mic seul alors il appelle tous ses potes.
– The Documentary 2 ?? Ok là tu as piqué ma curiosité mais ça sent le coup marketing non ?
– Scott Storch, Dr. Dre, Timbaland, Pharrell, Just Blaze, Kanye West ??? Me prend pas pour un con j’ai vu la tracklist…

Au final comme vous le savez on se tape 2 CD : 36 tracks, et 450 featurings qui vont de Kendrick Lamar à Fergie en passant par Future, Drake et Dej Loaf
Pas de Blaze, pas de Timbo, pas de prod de Dre, pas de Pharrell et un illustre inconnu, Bongo ‘The Drum Gahd’, qui produit les ¾ de l’album. Bref, à boire et à manger… une des pires expressions pour qualifier un projet artistique.

Comme vous je m’attends donc au coup marketing pour rester relevant, on prend son album emblématique – non pas son meilleur comme chaque blog le dit – et on ajoute un 2. Comme si d’un coup la magie allait réapparaître.
Commençons par le premier CD sorti ce vendredi 9 octobre : 19 tracks et 50 namedrops par morceau, j’espère que t’es prêt mentalement… Globalement l’album n’est pas mauvais, ça aurait même pu être une bonne mixtape mais la suite d’un classique ? Le meilleur album rap de ces 5 dernières années ?? T’es sérieux Dre ??? Certainement pas…

THE GAME – THE DOCUMENTARY 2 [CHRONIQUE]Pas mal de tracks dispensables, comme on le sentait venir, aucune cohérence musicale, on passe de morceaux East Coast 90 à base de sampling old-school (Step In The Arena / Kick In The Door) à des ambiances new-school avec Drake et Future au refrain…
Justement je ne pensais pas avoir beaucoup de critiques sur ce point, la production étant souvent le point fort des albums de The Game, mais Bongo n’est pas Dre – qui est-il d’ailleurs ?? -, tous les morceaux qu’il produit sont musicalement insipides ou pas très originaux. Ce qui me gêne plus que tout chez un beatmaker, c’est le manque de créativité, évidemment avec des bons ingrédients, la soupe est toujours bonne et Bongo l’a bien compris, il commence avec un sample cramé d’On & On d’Erykah Badu – c’est pas comme si c’était sa chanson la plus connue en plus ! – assez mal exploité puisque sur la seule track avec Kendrick… Il enchaîne avec un gros pompage de Step In The Arena de Gang Starr, heureusement The Game rappe très bien dessus en pompant à son tour le flow de Biggie, dommage que le refrain arrive comme un cheveu sur la soupe, on aurait préféré qu’il aille jusqu’au bout du délire et qu’il appelle Preem’ pour lâcher quelques scratches, le morceau reste lourd mais à garder pour une mixtape, pas pour un album.
Jahlil Beats prend le relais avec une insulte à Primo et Biggie, cette fois pas d’hésitation, on choisit 100 fois d’écouter Kick In The Door, Biggie étant un meilleur MC que The Game et Primo un meilleur beatmaker que Jhalil Beats, une pâle copie de l’original donc avec en plus Diddy qui passe la fin du morceau à nous parler de la Ferrari que lui a offerte The Game

En parlant de DJ Premier, la transition est toute trouvée, c’est encore lui qui braque l’album.
Comme sur Animals, DJ Premier semble élever son niveau pour certains artistes et certains moments qui pourraient marquer l’histoire du hip-hop, le résultat est une bombe, avec un Game débridé qui enchaîne bar sur bar pour un egotrip endiablé, le seul morceau qui aurait eu sa place sur The Documentary premier du nom :

« I’ve been rapping for 12 years, 6 months, 16 days
Now I’m a veteran, spit a 16 sixteen ways
Sixteen in a clip, spit it 16 ways
I know six teens, pull up to a sweet sixteen and spray
I’m like sixteen Jay’s but the beat I can manage
So every sweet 16 is like Duke and Kansas »

THE GAME – THE DOCUMENTARY 2 [CHRONIQUE]

Malheureusement, pour arriver jusqu’à ce banger il faut passer par un ventre mou interminable… Ab-Soul fait tout ce qu’il peut avec un très bon couplet et Game tente de retenir notre attention en lâchant une pique bien sentie à Lupe mais ses partenaires de crime, les Cool & Dre, ne lui font pas un cadeau avec une prod assez molle et convenue, la deuxième partie du morceau Made In America qui switch sur un piano et des chœurs est d’ailleurs bien plus réussie.
La suite se complique avec un enchaînement de morceaux ratés : Jelly Roll passe en mode Lil’ Jon pour une perf horrible sur Hashtag, dommage, la ligne de basse menaçante méritait un autre traitement.
Bongo encore du Bongo, après cette agression auditive on a droit à deux morceaux RnB assez chiants dont le premier, Circles, avec encore un sample déjà utilisé par The Underachievers (Land Of Lords) puis le morceau soporifique avec Future.
La bonne prod de Caviar ne galvanise pas non plus The Game qui rappe une troisième fois d’affilé sur sa vision des relations homme/femme, assez bien résumée par ce refrain inspiré : « Bitch you ain’t shit »… Même Nate Dogg n’aurait pas pu sauver cette merde !
La track avec Kanye ne nous convainc pas plus que ça mais n’est pas ratée non plus, ambiance assez sombre, flow enragé, pas de couplet de Ye mais un refrain sans autotune plutôt réussi, après on est loin de Dreams ou Wouldn’t Get Far

Quelques  morceaux ressortent tout de même du lot : bien que produit par Will.i.am, Don’t Trip est le seul son vraiment West Coast, musicalement et dans la line up, The Game – Dr. Dre – Ice Cube, une ligne de basse et un refrain entêtants pour un ensemble efficace qui aurait fait un très bon single. Mike Will Made It réussit aussi à tirer son épingle du jeu avec une prod étonnamment laid-back et mélancolique, le contraste avec la violence des lyrics et du refrain est saisissant :
« I think I might bang the whole summertime
Top down in the winter, nigga this summer’s mine »
On s’est tous plaint à la sortie de 100 et moi le premier car on n’attendait pas du tout ça comme premier single de The Documentary 2 mais en écoutant l’ensemble du projet, ça reste au final un des meilleurs morceaux du skeud, une prod bien planante de Johnny Juliano et Cardo et un refrain efficace de Drake, après c’est vrai qu’on a plus l’impression que Game est en featuring que l’inverse, mais c’est souvent le cas, on ne peut pas dire que le mec ait une énorme personnalité musicale, ça a toujours été un caméléon, ou une girouette, question de point de vue !

L’album ne se termine pas très bien avec deux mauvaises tracks dont une conclusion avec un refrain bien pourri Will.i.am/Fergie, de quoi confirmer notre premier sentiment : 19 tracks, c’est beaucoup trop !
Je suis un peu dur, l’ensemble n’est pas si mauvais, si tu n’es pas trop à cheval sur les samples pompés, tu vas kiffer une bonne partie de l’album et Game est plutôt très en forme niveau flow. On continue cependant à faire du sur place côté lyrics, le mec n’est pas assez mauvais pour qu’on l’oublie mais pas assez bon pour tenir un album sans featuring. Bien que la thématique globale de L.A. et des gangs soit récurrente sur l’ensemble du projet, concrètement le protégé de Dre ne raconte pas grand-chose, beaucoup beaucoup de name-dropping et des sujets vus, revus et attendus, The Game tourne clairement en rond et sans sa voix puissante et son flow tout terrain, ça deviendrait très chiant de l’écouter, encore plus quand les beatmakers ne sont pas au niveau…

Alors on pourrait céder à la tentation et arriver un peu trop vite à la conclusion que la carrière de The Game est une escroquerie qui ne tient qu’au fait qu’il ait été si bien entouré… Mais ça c’est oublier que l’enfant terrible de Compton a sorti son meilleur projet seul, dos au mur, renié par son crew, son père adoptif et avec peu de featurings. Malheureusement pour nous, aujourd’hui ce n’est plus le cas, Game est de retour au bercail et a quasiment tout le rapgame dans sa poche, il lui reste une 2ème chance pour nous prouver que sa carrière n’est pas finie, j’ai très peu d’espoir pour la suite mais je suis sûr d’une chose : le vinyle de Doctor’s Advocate restera toujours dans mon étagère « Classic Hip-Hop ».

À dans quelques jours pour la chronique du 2ème CD.

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