FREDDIE GIBBS & MADLIB – PIÑATA

FREDDIE GIBBS & MADLIB – PIÑATA [CHRONIQUE]

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PiñataNote

REAL G’s MOVE IN SILENCE

Peu importe la gloire et les paillettes, la musique de Freddie Gibbs est le reflet de sa vie : il s’est fait tout seul et ne doit rien à personne.


Sortie : 18 mars 2014

BEST TRACKS : Deeper, Harold’s, Thuggin’, Real, Uno, Broken, Knicks, Shame TOP TRACK
Thuggin’

Des enfants de 4 ans, mi-black mi-mexicains, qui défoncent une Piñata remplie de cocaïne, un rêve aussi étrange et paradoxal que le duo formé par le mercenaire de l’Indiana Freddie Gibbs et le vétéran crate digga Madlib, comme si De Niro s’était retrouvé par hasard devant la caméra de Woody Allen. Deux artistes aux antipodes dont l’alchimie fait l’originalité et la force du projet.

Du gangsta rap ? Déjà vu… Du gangsta rap par un vrai gangsta ?? Beaucoup plus rare… Du gangsta rap intelligent ??? Oxymore… Du gangsta rap sur des samples jazz ????
Tu avais ma curiosité, maintenant tu as mon attention.

« Real gangstas move in silence », c’est la phrase qui résume Freddie Gibbs.

Extrémiste et insoumis, c’est le genre de mec qui claque la porte à Young Jeezy malgré des années de galère, le genre de mec qui refuse de sortir une track avec Eminem parce qu’elle ne lui convient pas, le genre de mec qui ne fait aucune concession lyricale pour les radios, le genre de mec qui n’a besoin de personne pour avancer et qui ne compromettra jamais son intégrité, quitte à rester loin du sommet, là où il devrait être.

C’est donc à l’abri des projecteurs qu’il s’est fait un nom dans l’underground à coup de mixtapes plus ou moins réussies passant de l’excellent Midwestgangstaboxframecadillacmuzik au décevant ESGN. Freddie Gibbs est un rappeur surdoué, avec un potentiel énorme, un flow désarmant de facilité, une voix puissante et charismatique qui n’est pas sans rappeler un certain 2 Pac, un paquet de titres classiques mais aucun projet référence, la faute à des choix artistiques contestables, une tendance trap douteuse et des producteurs de seconde zone.

C’est là où Madlib intervient, amoureux des vinyles poussiéreux, artisan du sample, il pioche dans le jazz et la soul des années 70 pour amener un grain vintage et nostalgique au gangsta rap musclé de Gibbs. Habitué aux collaborations inattendues qui virent au classique, Madlib n’en est pas à son coup d’essai, on pense évidemment au mythique Madvillain et à sa fusion avec J. Dilla, Jaylib, le Gogeta de la production !
Respecté par les puristes, ça faisait pourtant très longtemps qu’il n’avait pas sorti de projet aussi intéressant et accessible musicalement. Ambiance brumeuse, laid-back et mélancolique, la musique de Madlib est le contrepoids poétique nécessaire à la verve assassine de Freddie Corleone.

Issu d’un foyer modeste, figure paternelle absente, les gangs comme seule vraie famille, sans cœur depuis qu’on lui a brisé, Gibbs n’avait qu’une seule échappatoire. Entre coke, putes, vols, trahisons, meurtres et guerres de gangs, c’est avec une écriture brute, intelligente, drôle et imagée qu’il nous déroule le film de sa vie. Pas de lumière au bout du tunnel, trop tard pour éviter l’enfer, Gibbs embrasse sans concession son personnage de gangster au sang-froid et descend tous ceux qui se mettent en travers de sa route, Snowman en tête de file. Déterminé et sans pitié, il a su s’entourer des meilleurs soldats, de Scarface à Mac Miller, en passant par Raekwon, Danny Brown, Ab-Soul ou BJ The Chicago Kid, les frontières générationnelles et territoriales s’effacent pour que les douilles s’entassent, chaque featuring apportant un vrai plus et s’adaptant à la trame de l’album.

Là où ESGN tombait dans le cliché du gangsta rap sous testostérone, Piñata est un modèle d’équilibre et de constance, une main de fer dans un gant de velours, un bâtard né d’une pute et d’un aristocrate. Peu importe la gloire et les paillettes, la musique de Freddie Gibbs est le reflet de sa vie : il s’est fait tout seul et ne doit rien à personne. Peu importe que tu ne l’aimes pas, peu importe qu’il ait le meilleur album de 2014, rien à foutre, il n’a pas le luxe de penser à ça, il rappe pour survivre et c’est pour ça que Piñata est un classique.

“Selling you the science of street rap
Every motherfuckin’ show I do is off the meat rack
I done been to jail and did my best not to repeat that
I’m tryin’ to feed my family, give a fuck about your feedback
Critically acclaimed, but that shit don’t mean a thang
When you rocking mics, stealing microwaves and cooking ‘caine”

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