JOEY BADA$$ – B4.DA.$$ [CHRONIQUE & STREAM]

JOEY BADA$$ – B4.DA.$$ [CHRONIQUE]

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B4.DA.$$Note

NY BACK ??

Entre morceaux futiles et véritables bombes, B4.DA.$$ n’est pas un échec mais il nous laisse surtout une impression de déjà-vu. Joey Bada$$ stagne depuis son premier projet et ne va clairement pas révolutionner le game avec cet album.


Sortie : 20 janvier 2015

BEST TRACKS : Paper Trail$, Big Dusty, Hazeus View, Like Me, Christ Conscious, On & On TOP TRACK
Paper Trail$

Comme beaucoup je suis devenu un grand fan de Joey Bada$$ après sa classic mixtape 1999.

Depuis, je suis son évolution, pas forcément synonyme d’amélioration puisque Summer Knight n’était en rien supérieur à son ainé. Cependant, au niveau du flow, de la hargne, de la maturité vocale, de la technique, Joey Bada$$ a clairement progressé. Les singles, tous plus puissants les uns que les autres, laissaient présager un projet explosif. Plus que ça, on sentait que ça pouvait être son « momentum », comme Biggie avant Ready To Die, Fif’ avant GRODT ou Kendrick avant GKMC, cette étape qui peut te faire passer d’espoir à superstar, ce moment où tu sens que le MC est intouchable, au top de son game, que tous les couplets qu’il lâche sont des boucheries, que sa côte a besoin de lui, que le rapgame a besoin de lui et qu’il a tellement faim qu’il ne pourra de toute façon sortir qu’un classique.
Avec Joey, j’avais vraiment l’impression d’arriver à un de ces moments historiques : la renaissance de New-York ! Et cette putain de cover, je suis le seul à avoir pensé à Illmatic ??

Voilà où est mon problème, c’est que j’attendais tellement de Joey qu’au final j’ai été déçu. Ce n’est pas une excuse, Kendrick était autant voir plus attendu et a dépassé nos espérances.
Mais ne vous méprenez pas, il ne s’agit pas non plus d’un mauvais album, bien au contraire. Si tu fais écouter ça à un mec qui ne connaît pas Bada$$, qui n’a jamais écouté 1999 ni aucun des singles, il va te dire que c’est du lourd et il aura raison.
Peut-être aussi que j’ai trop saigné les singles et que je suis déçu que tous les autres morceaux ne soient pas de cet acabit. Ou peut-être que ce n’était simplement pas encore son heure. Mais elle viendra, j’en suis convaincu et je le dis : Joey Bada$$ va nous sortir un vrai classique.

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En attendant, DJ Premier est toujours bien là, 2015 et c’est lui qui braque l’album avec le bijou Paper Trail$, confirmant son alchimie avec Badmon. Vu les vieux MC à qui il vend ses prods ces dernières années, je ne pense pas qu’il soit trop cher… Alors bordel de merde, pourquoi Statik Selektah pose 4 prods, dont 3 insipides et Primo une seule et met tout le monde d’accord ?
C’est un mystère, personnellement quand je vois un album avec 4 productions de Statik Selektah, je sais déjà que ça ne va pas être un classique, il suffit de regarder les tracklists des classiques New-Yorkais, aucun Statik en vue. Producteur à mixtape. Et avec ce sequencing foireux, tu commences l’album par Save The Children et tu le finis par Curry Chicken, deux sons un peu inutiles produits par devinez qui ?

On ne va pas trop l’accabler, il n’est pas le seul, Chuck Stranger nous a pondu la belle bouse Black Beetles, le son inécoutable de l’album, je me demande comment on peut choisir une prod comme ça ? N’importe quel beatmaker amateur te sort un meilleur beat…

Bon encore une fois je suis un peu dur, mais c’est parce que j’attendais un niveau de production égal aux grands classiques new-yorkais, c’est pas comme si cette ville manquait de producteurs talentueux, et aujourd’hui je pense que la plupart d’entre eux voudrait travailler avec Bada$$.

A côté de ces ratés ou sons plus ou moins oubliables, il y a aussi des pépites, comme Hazeus View, morceau signature du style Pro Era, le genre de son qui nous rappelle direct la nostalgie d’1999.
Il y a évidemment J. Dilla, le producteur préféré de Bada$$, qui lui rend à chaque fois hommage avec un morceau lumineux. Avec l’aide de The Roots, Like Me prend encore plus d’ampleur en live et BJ The Chicago Kid continue de s’imposer comme le mec à aller voir pour les hooks.
Dans ce même style personnel et introspectif, on peut citer l’excellent enchaînement On & On/Escape 120 – qui aurait dû, à mon avis, clore l’album – dans lequel il dédie ces quelques lignes à son pote Capital Steez, décédé il y a peu :

“My name rings bells all the way to Heaven’s Gates
Though STEEZ told bout’ me yo
I know he always watching
I guess there really is a heaven for us hip hoppers
I really miss my partner
But I know he with Big Poppa, 2Pac, in the Big Arrow Copter
And that a Big Pun
Know that I will join em’
When my time come, but the story just began”

Finalement, un Joey Bada$$ dans l’ensemble assez posé et laid-back, pas forcément celui qu’on attendait après avoir écouté les uppercuts Big Dusty et Christ Conscious. Certains critiquent le côté “rappity-rap” sans substance de ces morceaux qui s’apparentent plus à des freestyles – le dernier n’ayant même qu’un seul couplet, mais quel couplet ! -, personnellement j’attends aussi ce genre de bastos de Joey qui l’a toujours fait et le fait toujours aussi bien depuis Survival Tactics.

JOEY BADA$$ – B4.DA.$$ [CHRONIQUE & STREAM]

Voilà en résumé les ratés et les vraies bombes de l’album, au milieu de ça, pas mal de morceaux plus ou moins intéressants qu’on ne mettra pas forcément dans notre playlist Pro Era, je pense notamment à Save The Children, Peace Of Mind, Belly Of The Beast, O.C.B., Curry Chicken… Le genre de sons qu’on garde pour une tape mais pas pour l’album, surtout si on veut lâcher un classique… On regrette d’autant plus l’absence de morceaux du calibre de Get Paid ou sa collaboration avec Gibbs qu’il a laissée à Statik.

On parle beaucoup production mais Joey alors, comment est-il sur cet album ??
Et bien meilleur que jamais et c’est pour ça que je suis si déçu, il avait les armes pour mais ne l’a pas fait. Son flow est plus juste, plus puissant, plus mature, plus varié, il peut te mettre dans les cordes avec une pluie de punchlines, reprendre son style laid-back typique du golden age sur des sons boom-bap jazzy ou encore nous montrer un côté plus sombre et personnel sur des morceaux plus intimistes. C’est clairement un surdoué du rap, à tout juste 20 ans, il est pour moi le meilleur MC new-yorkais de sa génération et c’est pour ça que j’attends énormément de lui.

Entre morceaux futiles et véritables bombes, B4.DA.$$ n’est pas un échec mais il nous laisse surtout une impression de déjà-vu. Joey Bada$$ stagne depuis son premier projet et ne va clairement pas révolutionner le game avec cet album.

Je terminerai cette chronique par une question simple : meilleur que 1999 ? La réponse est claire, et il ne s’agissait que d’une mixtape…

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