LOGIC – UNDER PRESSURE [CHRONIQUE]

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Le vinyle d’Under Pressure est à chopper sur le shop ici.

Under PressureNote

UNDER PRESSURE

De l’intro chantée jusqu’au final Yeezesque, le fast flow de Logic nous emmène dans un voyage introspectif impressionnant musicalement et lyricalement.


Sortie : 21 octobre 2014

BEST TRACKS : I’m Gone, Gang Related, Bounce, Never Enough, Under Pressure, Till The End TOP TRACK
Under Pressure

Bon pour ne pas vous mentir ma prochaine chronique devait être Cadillactica que j’attendais comme le classique de K.R.I.T. et son entrée incontestable dans le top 5 de sa génération. Au final grosse déception, Krizzle est toujours le meilleur représentant sudiste mais… que sur ses mixtapes malheureusement !
Du coup j’ai dû trouver autre chose pour me consoler, sans trop de conviction je me suis lancé dans le nouveau Logic. Pour tout vous dire je ne connaissais quasiment rien de ce MC, quelques sons par ci par là, un pote qui m’en avait parlé mais à part ça c’était juste un jeune rappeur de plus avec un fast flow et une tête de gamin, rien pour m’ambiancer !

Et pourtant… Même à reculons je dois avouer que cet album est une DINGUERIE.

Pas besoin de vous résumer le parcours du MC, tout est là, mieux qu’un CV, l’album est un condensé, d’une maturité incroyable, de l’univers du jeune rappeur.
Logic est notamment un fan d’Outkast, A Tribe Called Quest, Dilla, Kanye et pour la nouvelle génération J. Cole, Kid Cudi et Kendrick Lamar. Ses influences transpirent de sa musique, mettez tous ces artistes dans un mixeur, ce qui en ressortira ressemblera fortement à Under Pressure. Difficile de rater la recette avec de tels ingrédients, surtout quand le cuistot est aussi bon MC que producteur.

De l’intro chantée jusqu’au final très Yeezesque, produit par S1Power – d’ailleurs, Logic nous emmène dans un voyage introspectif qui vous rappellera forcément la virée Good Kid m.A.A.d. City dans le van de Kendrick. L’influence de ce dernier est sans aucun doute celle qui se ressent le plus tout au long du projet, notamment sur l’incroyable enchaînement I’m Gone/Gang Related, deux sons exceptionnels.

À l’image de l’ambiance générale de l’album, la production de ces 2 titres tire son inspiration de la nouvelle vibe amenée par toute l’équipe TDETae Beast est d’ailleurs présent, sur le morceau Growing Pains III – et que l’on retrouve notamment sur les projets de Kendrick. Cette ambiance laid-back et mélancolique proche du trip-hop, ces samples vocaux filtrés en background ou encore ces différents layers vocaux aux refrains avec un cœur féminin qui vient adoucir la voix du MC, sans tomber dans la pop ou le R’n’B. Pas besoin d’autotune, surtout quand on sait chanter comme Logic.

Sur Gang Related, on jurerait être sur du DJ Dahi mais c’est son producteur maison 6ix qui balance ces bastos. Très franchement, sur des prods comme ça, Logic aurait pu me servir l’habituel « Money, Cars, Hoes », j’aurais quand même kiffé ma race ! Mais en plus de ça, le gamin a vraiment du talent, un fast flow d’une facilité incroyable, lyricalement c’est tout ce que j’aime, pas la merde générique que nous servent la plupart des rappeurs, Logic nous raconte son histoire, il met son cœur et sa personnalité dans sa musique et ses lyrics. Mais pas comme un J. Cole de manière un peu facile et parfois chiante mais plutôt comme un Kendrick avec une vraie technique de rappeur, des jeux de mots et assonances à foison. Je viens d’ailleurs de me rendre compte qu’il n’y avait aucun featuring sur l’album, pas besoin, Logic se suffit à lui-même.

LOGIC – UNDER PRESSURE

Sa dextérité lyricale atteint notamment un sommet sur la « breakup » song Nikki. En tout cas c’est ce qu’on a voulu nous faire croire !
Spoiler, non Nikki n’est pas l’amour de sa vie comme j’ai pu le croire moi aussi, c’est en fait la personnification de son addiction pour la cigarette, le vrai visage de Nikki nous est dévoilé à la fin du morceau : « I’m a slave for the Nikkitin/Nicotine ».
Une track mélancolique très réussie, à classer entre Addiction de Kanye West et I Used To Love H.E.R. de Common.

Difficile de parler de son en particulier tant l’ensemble est abouti et réussi. Les transitions, les intros, les refrains, les bridges, les variations de beats… tout est juste parfait et cohérent musicalement.
À l’image de l’équilibre entre bangers et sons posés, Bounce est une boucherie d’une intensité incroyable, le flow rapide de Logic fait des merveilles avant l’explosion du refrain. Never Enough est un bijou de délicatesse qui vous rappellera le planant Hol’ Up de Kendrick avec des clins d’œil bien sentis à Cudi et Outkast, produit par DJ Dahi cette fois-ci.
Under Pressure est peut-être la chanson de l’année, Logic bouffe le mic sur un sample vocal qui va hanter vos enceintes, les changements de beat m’ont clairement retourné le cerveau, difficile de s’en remettre et C’EST PRODUIT PAR LOGIC HIMSELF !

Vous l’aurez compris, cet album est une pépite du début à la fin, pas une track à jeter, si je devais chercher la petite bête, je dirai que trois choses m’ont légèrement gêné : le fast flow, présent sur trop de tracks et pas toujours nécessaire, notamment sur les ambiances plus posées comme sur le bijou jazzy Metropolis. Déjà pas fan de ce type de flow, je trouve qu’il dessert les énormes qualités de MC de Logic, on a l’impression qu’il a trop souvent le même flow alors qu’en réalité il peut faire à peu près ce qu’il veut avec sa voix !
L’autre détail qui m’a dérangé – bon ok là je cherche vraiment la merde –, c’est cette espèce de voix saccadée qui sert d’« hôtesse » à notre écoute, qui nous parle comme à des teubés et qui dit des choses qu’on n’a pas forcément besoin de dire comme la liste des influences de Logic – on les ressent dans sa musique, ses clins d’œil, ses lyrics – ou encore le nombre de chansons enregistrées pour le projet. J’aurai préféré entendre une Nikki imaginaire narrer l’album à l’image de Joy sur Oxymoron et ça nous aurait encore plus mis le doute sur son identité.
Enfin, je trouve qu’à l’écoute de l’album, on sent que Logic est encore un fan et pas tout à fait un artiste assumé, sur plusieurs morceaux, on entend Kendrick, on entend Drake, on pense à Kanye
Quand j’écoute un Mick Jenkins, j’entends Mick Jenkins, quand j’écoute Lil’ Herb, j’entends Lil’ Herb, c’est peut-être ce qui manque à Logic pour encore progresser, un son unique.

Bon c’était juste histoire de pas trop faire le suce boule mais très franchement, si y’a un album rap à écouter depuis Piñata – qu’il faut que je chronique d’ailleurs – et Oxymoron c’est clairement celui-ci, ça va compliquer mon top albums de fin d’année, il va falloir que je trouve pourquoi je ne le mets pas 1er !

Allez je vous laisse, le dernier morceau de l’album me file des frissons.

P.S. : Les bonus tracks déchirent, Logic c’est lourd même sur de la trap, on dirait Mike Will Made It sur Now !

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