SCHOOLBOY Q – OXYMORON

SCHOOLBOY Q – OXYMORON [CHRONIQUE]

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Le vinyle d’Oxymoron est à chopper sur le shop ici.

OxymoronNote

GANGSTA RAP IS BACK

Le retour du Gangsta Rap.

« Tell Kendrick to move from the throne, I came for it »


Sortie : 25 février 2014

BEST TRACKS : Gangsta, What They Want, Hoover Street, Hell Of A Night, Break The Bank, Man Of The Year TOP TRACK
Gangsta

J’ai eu 5 vrais coups de foudre rap : 50 Cent, Biggie, Big L, DJ Premier et enfin Lupe Fiasco.
Depuis 2007 et le classique The Cool, aucun nouvel artiste ne m’avait vraiment fait vibrer comme ces 5 là. « Avait » puisqu’entre temps j’ai découvert Schoolboy Q et Habits & Contradictions, ma nouvelle drogue. Pas de sensation de manque, ma dose d’oxycontin vient juste d’être livrée !!

Schoolboy Q - Oxymoron

Comme tous les fans du label TDE, j’attendais donc avec impatience le successeur d’H&C et on peut dire que le buzz est au rendez-vous… tout comme les haters !
Ne limiter cet engouement qu’à l’ombre de Lamar ou au coup de pub de Mac Miller est une erreur. Les qualités intrinsèques du MC, son charisme, son univers très dark, l’excellence de ses deux premiers projets, les invités surprise Suga Free, Kurupt et Raekwon et les singles tous plus explosifs les uns que les autres sont autant de signes précurseurs d’une boucherie auditive à venir !
Par pitié, arrêtez de comparer Kendrick Lamar et Schoolboy Q !! Bien sûr que Kendrick est un meilleur lyriciste mais la musique de Q est bien plus fun et jubilatoire. Schoolboy n’est pas un poète, il ne fait pas du rap conscient mais des putains de bangers !!
Son objectif est de remettre le Gangsta Rap au goût du jour. Il présente d’ailleurs Oxymoron comme l’album le plus « gangsta » depuis Get Rich Or Die Tryin’. Et s’il partage pas mal de caractéristiques avec son idole 50 Cent – flow, charisme, thèmes abordés, hooks travaillés… –, il possède à mon avis une plus grande profondeur artistique. J’adore Fif’ mais ça reste assez superficiel, un de ses seuls couplets vraiment introspectif – et mon préféré – restera son feat sur Hate It Or Love It. Q n’est pas qu’un Gangsta Rapper, il est aussi un père et Joy, sa fille, est sa plus grande motivation, c’est le thème principal de l’album :

« Oxymoron is all the bad I’m doing to do good for my daughter »

Schoolboy Q - Oxymoron

C’est donc logiquement Joy qui introduit l’album :

« Fuck rap, my daddy’s a gangsta ! »

Le ton de l’album est donné, sur un beat létal qui nous rappelle I Gave You Power de Primo et Nas – son MC préféré –, Schoolboy détruit le mic et résume en 4 minutes ce qui le rend si spécial.
Tout d’abord son flow, pour moi le meilleur du game aujourd’hui, une énergie incroyable couplée à un débit élastique. Rolling Stones le compare à Eminem, si ce parallèle peut sembler fantasque, une caractéristique leur est commune, c’est cette intensité vocale naturelle – qu’Eminem a perdu au fil des années –, une rage dans la voix qui vous prend aux trippes.
« Hook first, then the verse », une consigne de Dre suivie à la lettre par ses poulains. Tout comme Fifty, Schoolboy a cette capacité à lâcher des hooks ultra catchy :

« GANGSTA, GANGSTA, GANGSTAAAAA !! KNOCK KNOCK KNOCK, YAA ! Gangsta Shit, Gangsta Shit »

Le refrain peut sembler basique mais dans le mic de Q il devient explosif, encore plus quand les cordes viennent conclure cette excellente intro. Je n’imagine même pas la boucherie que ça va être en live.

SCHOOLBOY Q – OXYMORON

L’autre grande force du MC de TDE est bien sûr son choix de beat, banger sur banger, l’album est un concentré de hits en puissance. Les quelques beatmakers star lâchent leur production de l’année et s’adaptent à l’univers de Q tout en gardant leur style.
Alchemist surpasse tous les sons de Step Brothers et braque la banque et l’album !
Le flow de Q, on en parle ?

Mike Will confirme son statut de super producteur avec un beat d’extra-terrestre et des basses surpuissantes, je vois déjà le public scander :

« This the shit they gon’ buy
This the shit why I’m fly,
This the shit why I’m high
This the shit they gon’ bump
This the shit that they want,
This the shit that they want »

Le flow de Q, on en reparle ??
À noter le très bon couplet du seul feat « douteux », Two Chainz, qui rappe à domicile.

« Oxymoron in stores
Come in kids, lock the door,
Knock-knock-knock, hit the floor ! »

ALC et Mike Will ont fait le taffe, que dire de Pharrell ? Los Awesome était un des sons les plus attendus et le morceau le plus controversé sur les forums de triso style KTT et 2k. Ça confirme bien ce que je pensais… Ces mecs-là ont vraiment des problèmes auditifs, c’est juste la meilleure prod de Pharrell de ces dernières années. Ça m’a fait penser au son de Hell Hath No Fury sous stéroïde. Des synthés dissonants qui te retournent le cerveau, des drums de l’espace et encore un putain de refrain… certainement écrit par Pharrell d’ailleurs. Laisser Schoolboy Q et Jay Rock sur ce genre de beat c’est clairement dangereux, l’ainée du Black Hippy lâche un vers de psychopathe, comme sur Money Trees. J’ai envie de ramener ma caisse juste pour écouter ce son en roulant !

TDE est le nouveau label référence du game car il réunit 4 MCs exceptionnels mais aussi une équipe de production/mixage incroyable, le mastering d’Ali est impressionnant, album à écouter en HD et au casque.

Entre Collard Greens, Hell Of A Night et Man Of The Year, Schoolboy a été gâté, 3 excellentes « party songs » qui devraient décoller dans les charts après le succès de l’album. Mais on ne va pas se mentir, le carton assuré, c’est Studio, on avait peur du dérapage pop sous la pression mainstream mais au final il s’agit d’un des meilleurs sons de l’album. Le sample vocal qui parcourt le morceau fout des frissons et le flow de Schoolboy, à la Drake mais sans la voix de puceau, est ultra catchy. Refrain impeccable de BJ The Chicago Kid, pour je pense, un des gros tubes de 2014.

SCHOOLBOY Q – OXYMORON

Mais ne vous méprenez pas, l’ambiance est bien plus dark que sur GKMC, ça pue l’oxycontin et la poudre à canon et ce ne sont pas les sirènes de Tyler qui vont vous rassurer, ni sa voix grave et menaçante :

« Coming in for yours
Niggas got them choppers and they knocking at your door
The sirens getting louder when the bodies hit the floor
Why you look confused ? Mothafucka, this is war »

Kurupt vient conclure cette agression auditive, va y’avoir des meurtres le 6 mai dans la fosse !
Les featurings sont d’ailleurs très bien choisis et amènent un vrai plus à l’album. Si ses compères du Black Hippy et son pote Two Chainz sont de sa génération, Q n’oublie pas de rendre hommage à ses aînés en invitant des légendes de la côte Ouest comme Suga Free, pour un duo laid-back aux sonorités G-Funk. On connaît également l’attirance de Q pour les MCs de la côte Est et si on regrette l’absence de Fif’, on ne peut que saluer la présence de Raekwon, jamais aussi dangereux que sur des prods boom-bap inspirées des 90’s :

« Revenge killers who make the events iller
This is more realer
Snatch you right up out of the Benz
The Wu wheelers who huddle up, coupes knows the truth
You know the woopty-woop, solo or group I kill niggas »

Putain les gars Raekwon ! The Chief bordel !! De quoi vous vous plaignez ?? Le mec sort un album en major, il ne va pas chercher Drake, Chris Brown ou Nicky Minaj… Non, il ramène Kurupt, Suga Free et Raekwon, un peu de respect !!

SCHOOLBOY Q – OXYMORON

Les fans d’H&C attendaient également les tracks expérimentales et souvent introspectives comme Sacrilegous, le genre de sons qui donnent une vrai profondeur aux albums de Q et qui s’avèrent être, au final, ceux qu’on écoute le plus.
Pour cela, direction Hoover Street, quelques années en arrière, une intro chaotique nous prépare à l’explosion et switch sur un beat lourd et lancinant. Dépassé par cet environnement hostile et attiré par l’argent facile, Q a autant de pêchés à confesser que de kilos vendus :

« I done jumped off my ass
Hit the lick and barely pass but I quickly got to balling
2012 ain’t really happen
So I guess it’s back to trapping, eyes open night to morning
Had roaches in my cereal
My uncle stole my stereo, my grandma can’t control him
 »

Mais la pièce centrale de l’album reste Prescription/Oxymoron, la première partie du son est mélancolique, Q n’a jamais semblé si vulnérable et se livre sur son addiction aux drogues :

« Percocets, Adderall
Xanny bars, get codeine involved
Stuck in this body high, can’t shake it off
I’m falling off, I can’t hold a thought
What’s wrong with me? Now the pressure creep
I’m stressing deep, even in my sleep
My mommy call, I hit ignore
My daughter calls, I press ignore
My chin press on my chest, my knees press the floor »

Joy tente de réveiller son père mais il sombre dans la folie, la musique s’alourdit, noirceur et vice émanent du piano et de la voix aigüe de Q :

« Do you like this shit, nigga?
Your brain go numb, synthetic heroin
Without the injections, do the same love and affection
How could they say feeling good is an addiction?
But the world is full of shit, so I don’t listen
In fact « we living to die » is a contradiction »

SCHOOLBOY Q – OXYMORON

L’album se conclut comme il a commencé, Fuck L.A. balaye l’onirique Man Of The Year, Schoolboy  est bouffé par sa noirceur et sa musique n’en est que plus captivante.
Q a tout compris au MCing, le succès d’Oxy ne doit pas se résumer à la production magistrale, le MC de Figg St. est une force instoppable et imprévisible, il crie, accélère, saute des mesures, lâche des YAK YAK, change de flow sur chaque track, parle à moitié défoncé sur ses intros, lâche des bridges et des hooks de malade, il est une vraie attraction à lui tout seul et un des rares MC à pouvoir tenir un album sans featuring.
Très sincèrement sur les 12 tracks de l’édition standard, je n’en enlèverais aucune, j’ai vraiment kiffé chaque gramme de cette putain de dose. Le seul son que je trouve un poil en dessous est la bonus track His & Her Friend, un peu trop abstraite pour moi, sans nuire à l’ambiance générale de l’album. On regrette juste que SZA ne soit pas mieux utilisée quand on voit les merveilles qu’elle a faites sur Cilvia, en même temps, c’est à ça que servent les bonus tracks !

Alors, meilleur que Good Kid m.A.A.d. City ?? Non. Mais bon dans un style complètement différent.
Un des meilleurs albums de Gangsta Rap, pas depuis Get Rich or Die Tryin’ – il y en a eu des très bons entre temps –, mais depuis Doctor’s Advocate et Hell Hath No Fury.

« Tell Kendrick to move from the throne, I came for it »

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