2 PLACES À GAGNER POUR LES CUNNINLYNGUISTS

CUNNINLYNGUISTS – A PIECE OF STRANGE [CHRONIQUE]

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A Piece Of StrangeNote

CLASSIC SHIT !!

Avec ce 3ème album, les Cunninlynguists ont sorti leur grand classique.
Kno à son apogée est l’architecte principal de ce chef d’oeuvre, il a réussi à créer un univers sombre et onirique en signant quelques-unes de ses plus belles instrus.

BEST TRACKS : The Gates, Brain Cell, The Light, Nothing To Give, Beautiful Girl TOP TRACK
The Gates

Nas intitulait son 8ème album « Hip-hop is dead », pour compléter ce constat je dirais « hip-hop mainstream is dead ».

Ce genre survit aujourd’hui uniquement grâce à sa scène indé remplie de talents qui malheureusement ne passeront jamais en radio.
Deux groupes énormes sont pour moi les figures de proue de l’underground, Atmosphere et bien sûr les Cuninlynguists que j’ai découverts tardivement grâce à un pote et qui, encore plus en France, ne sont pas du tout reconnus à leur juste valeur.
Quand on pense qu’ils ont dû attendre leur 4ème album pour se payer un clip, « KKKY », on se dit que l’industrie musicale a un sérieux problème ou que les gens ont de la merde dans les oreilles, ou les deux !

Pour la deuxième chronique de mon site, j’ai donc decidé de m’attaquer à un de mes albums préférés :
« A Piece Of Strange », LE classique des Cunnin’ talonné de près par « Oneirology ».
Evidemment pour les fans du genre, vous connaissez certainement le génial Kno qui se concentre essentiellement sur la production – et c’est tant mieux – en ne posant qu’un seul couplet sur Brain Cell. Il forme la colonne vertébrale de ce groupe avec Deacon The Villain qui se charge de la plupart des refrains chantés pour notre plus grand plaisir. Enfin, Natti qui les a rejoints après la mixtape Sloppy Seconds Vol.1, complète le trio.
Après avoir sorti deux excellents albums : « Will Rap For Food » en 2001 et « Southernunderground » en 2003, et après le brillant remix du « Black Album », c’est avec impatience que l’on attendait cet effort.

A travers ce 3ème album du groupe, on sent que Kno a atteint une maturité musicale. Les instrumentaux de l’album, basés comme à son habitude sur différentes variations de piano, violon, guitare, tantôt sèche tantôt électrique, de basses rondes, de shynthés… et bien sûr agrémentés de samples mélancoliques caractéristiques au Dj, donnent une profondeur, une magie et une part de rêve à cet album; tout comme cette naïade tenant une pomme sur la couverture.

CunninlynguistsAprès une introduction planante sur fond de guitare sèche qui nous plonge dans cet univers aux frontières incertaines, première claque de l’album : « Since When ».
Une instru simple mais terriblement efficace surtout quand Natti lâche ses punchlines en faveur du Sud :
« Holy Ghost from the lonely coast, pick humility
Facin critics cold fronts, blockin out humidity » suivi du hook énergique de Deacon que vous retiendrez instantannément.
La fin du morceau, sombre et expérimentale, sert de transition jusqu’à « Nothing to Give », une des meilleures tracks de l’album.
Une mélancolie et une puissance se dégagent de cette boucle de piano et du superbe refrain de Deacon qui accentuent un peu plus la métaphore de la violence nocturne des rues.
Un peu de légèreté avec un petit détour par le Sud, la mélodie de « Caved In » nous rappelle bien sûr les grandes heures des UGK, la guitare sèche est accompagnée de scratchs et de samples vocaux et ce n’est pas un hasard si Cee-Lo se joint à notre trio.
« Hourglass » semble être un rêve éveillé, les cuivres et la voix pitchée nous guident à travers cette échappée onirique tout comme la voix planante de Deacon qui colle parfaitement à l’ambiance.
Mais soudain, les trompettes de « Beautiful Girl » nous réveillent et cette énorme prod de Kno démarre : scratchs, samples vocaux pour le refrain, guitare et trompettes s’y mèlent et les flows énergiques de Deacon et Natti achèvent l’auditeur qui lui aussi flirte avec Jane en explorant les méandres de cet oeuvre.
Une seconde transition vient parfaire cet univers chimérique avant un des gros classiques des Cunnin’, un de mes morceaux préférés : « Brain Cell », une instru magique, un superbe storytelling en 3 parties qui part du berçeau pour finir à la cellule et le refrain qui achève le fan de rap que je suis : saxo + sample de « C.R.E.A.M » = eargasme!! Une tuerie.
Dans la lignée de « Nothing to Give », « America Loves Gangsters » dégage une ambiance sombre et mélancolique grâce à des ingrédients similaires : une superbe boucle de piano, des samples vocaux dont Kno a le secret et un refrain encore une fois très inspiré de Deacon.
Immortal Technique vient poser un très bon couplet introspectif sur l’autrement bon « Never Know Why » mais que dire de la track suivante, « The Gates »…
CunninlynguistsSi je devais ne garder qu’une seule chanson de ce groupe ce serait celle-ci. Se rapprochant du trip-hop, Kno dépasse très largement les frontières du rap et vous êtes ici dans son univers, on touche au sublime quand la magnifique voix féminine traverse le premier couplet de Tonedeff et comme lui, on atteint les portes du paradis.
La divine transition « Damnation » sert de passerelle vers les enfers que l’on rejoint avec « Hellfire » qui est, pour moi, le moins bon morceau de l’album avec une instru ratée et un sample d’Arthur Brown peu inspiré.
Plus on parcourt cette oeuvre, plus elle devient abstraite voir parfois expérimentale, c’est le cas de la track instrumentale « Remember Me » qui montre une fois de plus l’énorme talent de Kno. La fin de l’album est toute aussi réussie, les cordes et la douce voix de « What’ll You Do » touchent l’auditeur qui prend conscience de ce qu’ils ont dû traverser pour pouvoir « vivre » de leur passion.
Mais l’apothéose arrive avec « The Light », une guitare électrique planante, une première partie chantée qui aboutit sur un break avec des cœurs spectraux puis la reprise de l’instru avec le flow rapide de Deacon : des frissons assurés avant l’explosion finale du refrain.

Cet énorme classique que je ne me lasserai jamais d’écouter est la parfaite représentation de l’univers onirique des Cunninlynguists. Plus maîtrisé que ses aînés mais aussi plus abstrait et expérimental, « A Piece Of Strange » est leur chef d’oeuvre, à écouter absolument si l’on ne connaît pas encore ce groupe. Et si comme moi, vous êtes un grand fan, allez les voir en live, j’ai eu la chance d’assister à leur concert à Paris et ils sont excellents – Kno rappe mieux sur scène! – et très sympas puisqu’ils sont venus discuter, prendre des photos et fumer les joints des fans à la sortie!

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