REVISE TES CLASSIQUES #6 – JAY-Z / 99 PROBLEMS

JAY-Z – THE BLACK ALBUM [CHRONIQUE]

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Le vinyle de The Black Album dispo sur le shop ici.

The Black AlbumNote

CLASSIC SHIT !!

Un des rares classiques du XXIème siècle.

Un MCing d’exception, des prods d’un niveau rarement atteint, ce Black Album renoue avec l’âge d’or du rap tout en marquant son époque.

BEST TRACKS : December 4th, Change Clothes, Dirt Off Your Shoulders, 99 Problems, P.S.A., Lucifer, My 1st Song TOP TRACK
P.S.A.

2003, Jay-Z au sommet de sa gloire annonce sa retraite après un ultime effort, The Black Album.

Coup Marketing ou véritable champ du cygne, son regrettable retour ne doit pas cacher la réponse à cette question, en effet, comme en atteste le documentaire live « Fade To Black », la conception de cet album a bien été conduite comme si c’était son dernier.

À l’origine un concept très alléchant : « 12 songs / 12 producers« , renouer avec l’âge d’or du rap tout en marquant son époque, tel était le dessein de ce 8ème album de Shawn Carter.
Ce classique anticipé devait réunir tous les producteurs qui ont fait son succès, de Premo à Kanye en passant par Timbo, Dre, Just Blaze et les Neptunes. C’est finalement sans Dre et Prem’ mais avec les légendes Rick Rubin et DJ Quik, les surprises Eminem et 9th Wonder et les peu connus The Buchanans et Aqua 3H que nous allons traverser la carrière de ce mastodonte du rapgame en 14 tracks.

Le résumé d’une vie, d’un génie du rap, du King of NY, de l’homme dans toutes ses contradictions, tu veux connaître Jay-Z ? Ecoute The Black Album.

« From Marcy to Madison Square », une phrase qui résume à elle seule l’incroyable success story de ce surdoué du rap, « lyriciste immaculé » pour ?uestLove, véritable génie pour Timbo, comme Biggie, Jay-Z écrit ses textes de tête et possède, notamment sur cet album, un flow qui égale son aîné – pourtant pas fan de la 1ère heure de Hov et complètement accro à Biggie ! –

Au fil des albums Jay a progressivement trouvé son univers, ses producteurs fétiches avec qui une symbiose s’installe, qui lui donnent l’inspiration et surtout qui arrivent à sortir leurs meilleurs travaux lorsqu’ils bossent avec lui. Et c’est une des grandes forces de cet album, chaque producteur s’est investi à fond dans le projet comme si chaque beat devait surpasser le précédant, comme si chacun sentait que l’histoire était en train de s’écrire.

Jay-ZEn parfait maître de cérémonie, Just Blaze introduit de manière magistrale l’album. Une entêtante boucle de violons est ponctuée par des interludes très personnels de la mère de Jigga elle-même qui vient nous conter des moments marquants de la vie de son fils.
A l’image d’un « Juicy », Jay dresse un portrait de sa vie avant le rap et dès la première track on sent cette totale maîtrise qu’il a de son flow : de légères accélérations en fin de phrase pour coller au beat nous rappelant un certain Big L qui, lui aussi, a clairement influencer Hov – pour preuve écoutez « Graveyard » – !

Le sample de Gladiator fait monter la pression, The Buchanans – responsables de l’excellent « All Black Everything » sur la bouse de Lupe, Lasers -, nous servent un beat d’exception, Jay, comme à son habitude, détruit la track et met les points sur les i :
« I’m not a biter, I’m a writer for myself and others
When I say a BIG verse, I’m only Bigging up my brother », what more can he say ?
– Polémique d’ailleurs complètement futile puisque Jay nous a donné tellement de classic lines dans sa carrière qu’il ne peut s’agir bien sûr que d’hommages. –

Kanye, toujours au rendez-vous, nous sort une superbe boucle jazzy : trompettes, piano et acclamations de la foule soutiennent le flow victorieux de Jay-Z, « Grand opening, grand closing », c’est ce qu’on ressent en écoutant cette track. Et c’est bien sûr sur scène que l’album prend toute son ampleur comme en atteste cet incroyable – faux – dernier concert au Madison Square Garden où le public scande « HOVA, HOVA, HOVA », un seul regret, avoir raté ce moment historique pour le hip-hop.

Jigga n’oublie bien sûr pas les ladies avec un flow désarmant de facilité et un charisme indéniable sur le classique « Change Clothes », la caisse claire si reconaissable des Neptunes vient faire danser la foule et comme d’hab Pharrell nous gratifie d’un excellent refrain.
La variété et la puissance des instrus continuent, on entre maintenant dans le labo de Timbo.
J’ai jamais vraiment kiffé ses prods sûrement trop synthétiques pour un adepte du scratch et du sampling bien old school comme moi mais force est de constater que dès qu’il travaille avec Jay ça fait des étincelles, « Dirt Off Your Shoulders » est clairement une de ses meilleures prods dans la lignée d’un « Put You On The Game« .
Et une fois de plus, on se rend compte de l’incroyable talent de MCing de Hov qui arrive à s’adapter à n’importe quelle type de beat, dansant, agressif ou soulful, peu importe, c’est avec une aisance déconcertante et une spontanéité finalement très maîtrisée que Jay fait swingger chaque track.
« Threat » fait parti des classiques de 9th Wonder au même titre que « Good Ol’ Love », cette instru menaçante permet à Jigga de lâcher quelques punchlines incisives avant d’atteindre son « Moment Of Clarity », 4 minutes 24 d’anthology où Jay revient sur l’ensemble de sa carrière. Les violons glaciaux d’Eminem – pas le meilleur beat de l’album… – sont ponctués par un refrain mythique :

« Thank God for granting me this moment of clarity

This moment of honesty, the world’ll feel my truths
All through my Hard Knock Lifetime, A Gift and a Curse
I gave you Volume after Volume of my work
So you can feel my truths
I built the Dynasty by being one of the realist niggas out
Way beyond a Reasonable Doubt, y’all can’t fill my shoes
From my Blueprint beginning to that Black Album ending
Listen close you’ll hear what I’m about
Nigga, feel my truths »

La légende est écrite, il n’oublie également pas de rendre hommage à ses différentes influences de Big Daddy Cane, son mentor, à Pac en passant par Talib Kweli, Kool G Rap et surtout Biggie à plusieurs reprises :
« I’m strong enough to carry Biggie Smalls on my back » conclue-t-il ce « Moment Of Clarity ».

JiggaLaissons maintenant Rick Rubin braquer l’album :
« If you’re having girl problems I feel bad for you son
I’ve got 99 problems but a bitch ain’t one »
Une instru ENORME, des coups de guitare qui viennent ponctuer les punchlines de Hova qui nous lâche un putin de flow! Un des meilleurs singles hip-hop du XXIème siècle, la définition même du mot BANGER.

Ok, la prochaine track s’appelle « Public Service Announcement », tu penses que tu vas pouvoir un peu respirer ??
NON, Just Blaze vient exploser tes derniers neurones avec une prod surpuissante, aussi impressionnante que « You don’t Know » sur The Blueprint :
quelques notes de pianos inquiétantes, « ALLOW ME TO REINTRODUCE MYSELF » et BAAAM, un son ultra lourd, mon préféré de Hov, une bombe.
Le légèrement en dessous « Justify My Thug », dont le titre parle de lui-même, n’est pas mauvais mais juste bon et pas dans la galaxie que nous fait visiter Jigga. On regrettera presque l’absence d’un Premo ou d’un Dre pour parfaire ce classique et l’emmener sur une autre dimension. Mais ne faisons pas les difficiles, rarement un skeud n’avait atteint un tel niveau de production.
Ce que nous confirme une nouvelle fois Kanye avec un « Lucifer » qui nous rappelle les grands moments de « The College Dropout », quel sample !!

Un ultime business avant la retraite, c’est inspiré du classique de Brian De Palma « Carlito’s Way » que Pharrell décrit « Allure », l’avant dernière track de l’album, une prod surprenante des Tunes, des envolées de violons ponctuées par des bruits de gun qui permettent à Jay d’expier ses démons :

« Man, it’s just a game, I just play it to play it
I put my feet in the footprints left to me
Without saying a word, the ghetto’s got a mental telepathy
My brother hustled so naturally
Up next was me… but what perplexes me
Shit, I know how this movie ends! Yet still I play
The starring role in « Hovito’s Way »

Hova conclue l’album de la plus belle des manières sur la magnifique guitare de « My 1st song » avec un flow très technique nous rappelant à la nostalgie de ses débuts dans « Reasonable Doubt »; il en profite également pour remercier tout ceux qui l’ont soutenu et faire un dernier adieu à son publique.

Il y a des albums classiques pour leurs instrus mythiques comme « 2001 » de Dre ou « Mecca and The Soul Brother », d’autres plutôt pour leur MC comme « Return of the Boom Bap » de Krs One, puis il y a les classiques d’un autre niveau qui allient MC d’exception et producteurs d’exception, c’est le cas de ce « Black Album », performance d’autant plus impressionante et rare de nos jours qu’aucun featuring n’est présent sur l’album,
juste un MC, un flow, un mic, un classique.

 

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