DRAKE - VIEWS

DRAKE – VIEWS [CHRONIQUE]

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VIEWSNote

TOUJOURS PAS DE CLASSIQUE…

Drake n’est jamais vraiment bousculé sur cet album et il ne se fait pas violence non plus, à quoi bon tu me diras ? Le mec écrase le game, il faudrait être fou pour changer une formule qui fonctionne :
Drake fait du Drake, mode autopilote.


Sortie : 29 avril 2016

BEST TRACKS : 9, Feel No Ways, Hype, Weston Road Flows, Still Here, One Dance, Pop Style, Views TOP TRACK
9

Ça y est, en une semaine le mec a pété le million, le record de streams et a enfin un son n°1 au Billboard, il est définitivement le nouveau boss du game.
Comme un symbole, il se permet même de mettre un vent à son prédécesseur en l’évinçant de l’album.
Jigga avait Nas comme némésis, Drake a Kendrick, il le tape sur le terrain des ventes mais Kendrick a trois choses que Drake n’a pas : 1, 2 et 3 classiques !

DRAKE - VIEWS [CHRONIQUE]« VIEWS already a classic » lâche-t-il fièrement sur Hype, c’est clair tu sais faire monter la hype mais calme toi, pour le reste on en est encore loin !
Pas de quoi cracher sur l’album non plus, certes le résultat n’est pas au niveau du buzz mais ça reste un bon projet que j’ai écouté à plusieurs reprises avec, oui un certain ennui, mais aussi un certain plaisir.

On n’en doutait pas, la team 40/Boi-1da est au-dessus, l’album est TRÈS bien produit, l’ambiance générale est vraiment plaisante, oscillant entre la froideur de Toronto et la chaleur des îles, on est plus en fin de soirée dans le Uber à 5h du mat’ qu’en route pour la boîte et c’est peut-être pas ce que les gens attendaient, perso ça me va.

La symbiose musicale entre Drake et 40 n’a jamais été aussi forte, comme Kendrick, Sounwave et sa team, ils ont inventé un son : tamisé, contemplatif, fin, délicat, minimaliste mais musical, nostalgique mais jamais dépressif, parfois dansant mais jamais vulgaire, on a envie de planer, rêver, penser, tiser, danser, faire l’amour, il fait chaud puis froid, nuit puis jour, c’est varié mais cohérent, les quelques samples sont vraiment cool, à l’image du coloré Weston Road Flow, rien n’est à jeter musicalement.
En fait le seul point négatif c’est que c’est presque trop maîtrisé, trop rodé, Drake est limite trop à l’aise sur ces beats. Deux trois prods de beatmakers extérieurs à la team habituelle auraient pu apporter un peu plus de relief, de surprise et auraient obligé Drake à sortir de sa zone de confort. D’ailleurs sur ses précédents albums, les coups d’éclat venaient souvent de l’extérieur, je pense à Just Blaze, Jake One et DJ Dahi par exemple.
Même constat côté featuring, un Skepta ou pourquoi pas un Kendrick Lamar aurait bien plus détonné que les attendus Future et Rihanna.

C’est le vrai problème, Drake n’est jamais vraiment bousculé sur cet album et il ne se fait pas violence non plus, à quoi bon tu me diras ? Le mec écrase le game, il faudrait être fou pour changer une formule qui fonctionne : Drake fait du Drake, mode autopilote.
Une ligne de l’intro me vient en tête et résume assez bien ce que je pense de sa perf’ sur VIEWS :

« You’re so predictable I hate people like you »

Il réalise à la perfection tous les tours qu’il pratique depuis quelque temps mais cette fois la magie ne prend pas. Ici pas de claque à la Know Yourself ou Worst Behaviour, les bangers sont pourtant bien là et sont, comme à chaque fois, très réussis, Hype, Still Here, Pop Style… Comme d’hab’ les beats nous mettent une tarte, le problème c’est que depuis le temps, on connaît le truc.
On a l’impression d’entendre des échos des mêmes sons, à l’image de Grammy avec Future qui sonne comme un leftover fade de What A Time To Be Alive.
C’est quasiment toujours la même structure : grosse instru/flow saccadé/refrain « punchline Twitter » pendant le break beat et surtout c’est toujours les putains de mêmes sujets !

Alors ouai, on sait maintenant que Drake utilise des ghostwriters mais en plus le mec ne se creuse pas la tête plus que ça, on reste sur le traditionnel « je suis plus riche que toi », « je rappe mieux que toi », « les faux amis viennent avec le succès », « je suis obsédé par mes ex »…
Rien de transcendant lyricalement mais ça on le savait déjà, Drake a toujours été un rappeur avec le sens de la formule plus qu’un lyriciste, sauf qu’on a l’impression qu’il n’a plus grand-chose à raconter…
DRAKE - VIEWS [CHRONIQUE]

Dans la forme c’est pareil, le rap c’est aussi l’art du flow et Drake c’est quasiment toujours le même putain de flow saccadé : « blablablablabla » […] « blablablablabla » […] « blablablablabla », ce qui rend forcément l’écoute assez monotone, on en vient même à être surpris quand il s’énerve un peu à la fin de U With Me ? . Dommage qu’il ne se donne pas un peu plus comme sur ce passage, surtout qu’il rappe finalement peu sur l’album…

On ne peut pas lui en vouloir, c’est ce qui a fait son succès et il le sait, il a mixé les genres, brouillé les pistes, effacé les frontières et il continue bien évidemment de le faire, s’aventurant même vers des sonorités plus « exotiques », la seule vraie « nouveauté » dans ce que nous propose Drake.
Ils nous expliquent avec 40 s’être inspirés du climat de Toronto, glacial l’hiver et très chaud et humide l’été, je pense qu’il a surtout voulu reproduire le succès d’Hotline Bling, son plus gros tube avant One Dance.
Peu importe, ce nouveau style musical lui va plutôt bien, sans être dingue de ce genre de sons, je trouve Controlla et One Dance réussis, assurément les deux tubes de l’album. Pas convaincu à la base, comme souvent avec les singles radio de Drake, plus j’écoute One Dance, plus je kiffe, ça passe vraiment bien en soirée. L’été approchant, on risque d’entendre ces sonorités dans un paquet de morceaux rap dans les semaines à venir,  Drake a à mon avis encore lancé un truc.

Évidemment on a aussi le Drake fragile qui chiale sur des low tempos comme Redemption ou Fire & Desire et c’est personnellement le Drake qui m’ennuie le plus, surtout que sa voix de canard est particulièrement insupportable quand il se met à nous faire ses vocalises qu’on connaît par cœur. Sur un album de 20 tracks, c’est ce genre de morceaux qui cassent complètement la dynamique et nous font bailler.
DRAKE - VIEWS [CHRONIQUE]

Bon je critique beaucoup mais à part ces quelques sons un peu chiants, la vérité c’est que j’ai plutôt kiffé l’ensemble, j’étais posé au soleil dans un parc dimanche dernier, casque vissé sur les oreilles, j’ai  passé un très bon moment avec VIEWS et ma p’tite meuf.
Les bangers sont toujours aussi addictifs, on bloque toujours autant sur les refrains, ça s’enchaîne facilement malgré quelques longueurs et la variété des ambiances et la qualité des productions rendent l’écoute plaisante.
Sans avoir de gros coup de cœur, je kiffe particulièrement certains sons, 9 en tête, l’instru de 40 et Boi-1da me rend dingue et sans vraiment savoir pourquoi les 2 lignes « I made a decision last night that I would die for it » « And I turn the six upside down, it’s a nine now » m’accrochent à chaque fois. Je citerai aussi le nostalgique Feel No Ways , l’excellente outro ou encore le banger Still Here, pas besoin de checker je sais que c’est produit par le même mec qui a produit Back To Back, son utilisation reconnaissable des hi-hats, inspirée mais pas copiée sur la trap, est vraiment très intéressante, ça part dans tous les sens avec des échos, ça rend vraiment bien.

On est très exigeant avec Drake et c’est normal, ce n’est clairement pas le classique espéré mais pas un mauvais album non plus,  je préfère par exemple VIEWS à Take Care.
Drake continue de faire du Drake alors qu’on a fait le tour de Drake, il est temps pour lui de prendre exemple sur Kendrick et d’évoluer.

En fait le vrai point positif de VIEWS c’est qu’on se rend compte avec le recul que Nothing Was The Same était quand même un sacré album.

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