VINCE STAPLES – PRIMA DONNA [CHRONIQUE]

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PRIMA DONNANote

PRIMA DONNA

Vince Staples est loin d’avoir pris la grosse tête, derrière sa discrétion et son côté anti-hero blasé, le MC de Long Beach est en train de marquer son époque.


Sortie : 26 août 2016

TOP TRACK
War Ready

L’année dernière on a évidemment beaucoup parlé de To Pimp A Butterfly, qui est indéniablement un album majeur de notre époque, personnellement je peux dire que c’est Summertime ’06 qui m’a le plus marqué, que j’écoute et réécoute avec autant de plaisir aujourd’hui.

Un double album sombre, froid et dense qui va, je pense, devenir un classique new school. Vince Staples a prouvé qu’il était, plus qu’un MC d’exception, un vrai artiste qui sait construire un album comme peu savent encore le faire aujourd’hui.

Avec une team pourtant assez éclectique (No I.D., Clams Casino, DJ Dahi, Mikky Ekko…), il a réussi à créer un univers musical cohérent et singulier jamais entendu auparavant.

Il aurait tout simplement pu continuer sur sa lancée, voir même nous servir quelques leftovers, tout le monde aurait été content mais non, Prima Donna est dans la continuité suffocante de Summertime ’06 mais lyricalement Vince Staples se renouvelle et repousse un peu plus les frontières musicales.

Dahi sur 3 tracks et No I.D. sur une, l’ossature est là mais le maître mot semble être « loco ». Les beats sont hérétiques, de gros bangers dissonants bouffés par le flow métronomique et nonchalant de Vince Staples.
Sa tendance à l’expérimentation pousse tout le monde dans ses retranchements, c’est d’ailleurs certainement au contact de Vince que James Blake, oui oui, James Blake, a réussi à nous balancer la bombe du skeud : le mentalement dangereux War Ready.
Le sample mythique d’Andre 3000 se fait martyriser avant un beat pianoté minimaliste qui rendrait presque le son des Neptunes has-been !

Toujours aussi subversif et pessimiste, Vince Staples nous dépeint sa descente aux enfers, encore une fois brillamment mise en image, il affûte sa plume sanglante et réaliste mais ne tombe jamais dans le pathos grâce à son humour noir, son je-m’en foutisme et la fulgurance de sa musique :

« I load the 44 / then paint the Van Gogh »

« I know that money come and go so money not my motive no mo’
I made enough to know I’ll never make enough for my soul »

« County jail bus, slave ship, same shit
A wise man once said that a black man better off dead
So I’m war ready »

Expérimentant sans cesse, repoussant les frontières du genre et affinant son univers musical, Vince Staples est loin d’avoir pris la grosse tête, derrière sa discrétion et son côté anti-héros blasé, le MC de Long Beach est en train de marquer son époque avec des projets majeurs du rap new school.

Et le plus cool dans tout ça, c’est qu’à l’image de ces interludes marmonnés, Vince Staples n’en a pas grand chose à foutre, il vient au bac en claquettes et ressort avec la mention très bien.

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