Big L - Lifestylez Ov Da Poor And Dangerous

BIG L – LIFESTYLEZ OV DA POOR AND DANGEROUS [CHRONIQUE]

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Lifestylez ov da Poor & Dangerous est dispo en vinyle sur le shop ici.

Lifestylez Ov Da Poor And DangerousNote

BIG L R.I.P.

Lourd, sombre et dangereusement homogène, ce classique underground a façonné le son new-yorkais de l’époque et a surtout révélé un MC unique jamais à cours de punchlines dévastatrices.
Un flow exceptionnel parsemé de fulgurances et un talent déconcertant pour faire claquer chacune de ses rimes.

BEST TRACKS : Put It On, M.V.P., All Black, Danger Zone, Street Struck, Lifestylez Ov Da Poor And Dangerous, Let Em Have It L TOP TRACK
Street Struck

TRACKLIST

Avant de débuter cette nouvelle chronique, je souhaiterai prévenir mes lecteurs : les fans de Lil Wayne, Drake, Wiz Khalifa, Nicki Minaj… cassez-vous !!

Ici on ne va pas parler de musique pour prépubère mais de vrai hip-hop old-school bien crasseux !

Bien qu’étant un véritable amoureux du genre, il m’arrive parfois – c’est assez rare – de faire des overdoses rap, je pars alors, le plus souvent, en detox rock ou soul mais celles-ci peuvent provoquer à terme un effet inverse de manque encore plus puissant, comme une perte de mes racines.
Et lors de ma rechute hip-hop, c’est très simple : Ready To Die est ma cocaïne et Lifestylez Ov Da Poor And Dangerous mon héroïne.

Mais d’abord c’est qui ce Big L ?? J’ai déjà entendu ce blaze… et oui, souvenez-vous le mythique « Big L Rest In Peace ! » de Premo avant de lancer le classique Full Clip.
Mais Big L ne sert pas que d’intro à un beat légendaire, non, il est aussi accessoirement une légende du rap underground.
Originaire de Harlem, entre la 139st West et Lennox, « The Danger Zone », il a très vite été repéré par le funky technician Lord Finess qui lui fit faire ses premiers pas et le présenta à Showbiz, AG, Buckwild , O.C., Fat Joe et Diamond D, futurs membres de D.I.T.C.

Big LC’est en 93 que son premier single Devil’s son vint agresser nos petites oreilles chastes, et si le son fut censuré par les radios pour ses paroles plus qu’hardcore, ça ne l’empêcha pas de devenir un classique underground, dommage qu’une version remasterisée de ce bijou méconnu n’existe toujours pas…

Le succès médiatique ne semblait pas être une priorité pour L et 2 ans plus tard, alors signé chez Sony Music, la sortie du premier album du génie de Harlem, Lifestylez Of Da Poor And Dangerous fut un échec commercial, pas assez « radio-friendly » pour les médias, trop « underground » pour la masse, certainement atteinte de troubles auditifs.
Les beats, assurés en quasi totalité par les membres de son crew, Lord Finess, Buckwild et Showbiz, nous plongent dans les bas fonds de Harlem en combinant des samples jazzy à des basses menaçantes créant ainsi une atmosphère oppressante et froide caractéristique du son new-yorkais de l’époque.
Bien que brillante par moment, elle n’est pas au niveau d’un Illmatic ou d’un Ready to Die et ce n’est pas la production qui va ériger cet album au rang de classique underground mais bien son MC, Lamont Coleman.

J’ai été assez choqué la première fois que mon frère m’a fait découvrir Ruffneck de MC Lyte, n’écoutant que peu de MCs féminins, j’étais persuadé de la suprématie des rappeurs, mais en 4 minutes je m’étais rendu compte que j’avais rarement entendu un MC masculin faire autant claquer les mots que Lyte.
Où je veux en venir ?? C’est très simple : si MC Lyte pouvait se faire pousser des couilles, elle serait à la cheville de Big L.
Plus que cette façon si unique de brûler le mic à chaque rime, c’est ce flow impressionnant ponctué d’accélérations pour coller au rythme et jamais être off-beat qui impressionne. En effet, beaucoup de rappeurs m’insupportent par leur fâcheuse tendance à jeter de la poudre aux yeux des listeners en cachant leur superficialité lyricale par du fast-flow abusif – Twista ? Busta Rhymes ? Tech N9ne ? -.
Ici, Big L leurs donne à tous une leçon de flow maîtrisé.

Impressionnant techniquement, il l’est aussi lyricalement.
Autant vous le dire tout de suite, j’ai lu ça et là que Big L faisait du rap conscient, dénonçant les injustices du ghetto à l’image d’un Tupac, c’est totalement faux.
L est un mec de 20 ans, qui a les préoccupations d’un mec de 20 ans : les meufs, la drogue, l’argent, le ghetto… Ce n’est pas dans le fond que les lyrics de L se démarquent, non, c’est bien dans la forme : des punchlines impressionnantes qui s’enchaînent tout au long de l’album et surtout un sens de la formule rarement égalé :
« I only roll with originators / chicks stick to my dick like magnets on refrigerators »
« And when it comes to gettin nookie I’m not a rookie / I got girls that make that chick Toni Braxton look like Whoopi »
« My girls are like boomerangs / No matter how far I throw’em they come back »
« Yes I’m livin’ slick and my pockets are thick / I need surgery to get chicks removed from my… « 
JOUISSIF.

Big LDans les quelques invités conviés sur 8 iz enough et Da Graveyard, on retrouve des têtes familières comme Cam’ron et Mase, complètement inconnus à l’époque ; sans véritablement apporter de valeur ajoutée, ils ont le mérite de souligner la suprématie et le talent inné de notre hôte. Seul le jeune Jay-Z arrive à rivaliser avec L, il est d’ailleurs intéressant de constater à quel point Jay s’est inspiré du flow de Big L au début de sa carrière : son couplet sur Da Graveyard va vous surprendre.

À travers cette homogénéité étouffante, quelques bombes viennent vous rappeler pourquoi le rap c’était mieux avant !
On peut citer le tube Put It On, surement le plus gros succès de L, un classique old school.
M.V.P., un autre must-have de l’album « If rap was a game I be MVP, the Most Valuable Poet on the MIC », un titre qui porte très bien son nom et qui nous rappelle les meilleurs moments de Mecca And The Soul Brother. L’énorme All Black qui allie une ligne de basse complètement folle à des cuivres inquiétants traduit un chaos amplifié par un refrain surpuissant, attention aux oreilles sensibles !
Danger Zone nous emmène directement dans les ruelles de Harlem accompagnés par quatre notes de basse entêtantes et un sample dans la veine d’un Beware, un son qui pourrait faire passer Mobb Deep pour des bisounours !
Très dark et oppressant, l’album vous accule musicalement et lyricalement, Let Em Have It L et le titre éponyme reprennent les mêmes ingrédients que précédemment : cuivres, basses et samples minimalistes soutiennent le rap éreintant de L, seul LE classique Street Struck vous offre un peu d’oxygène et vient éclairer l’album en atteignant un sommet de production qui n’a rien à envier à un Pete Rock en forme, à écouter d’urgence.

Lourd, sombre et dangereusement homogène, Lifestylez Of Da Poor And Dangerous n’est pas fait pour toutes les oreilles.
Ce classique underground a façonné le son new-yorkais de l’époque et a surtout révélé un MC unique jamais à cours de punchlines dévastatrices, un flow exceptionnel parsemé de fulgurances et un talent déconcertant pour faire claquer chacune de ses rimes.
Big L, assassiné prématurément en 1999, n’a pas eu une reconnaissance égale à son immense talent, à classer parmi les 5 meilleurs rappeurs de tous les temps.

The Good Die Young.

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